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DE LÀ PUBERTÉ, 275<br />

les facultés, tant corporelles qu'intellectuelles, commencent à entrer en plein exer­<br />

cice, où les organes ayant acquis tout leur développement, le sentiment s'épanouit<br />

comme une belle fleur, qui bientôt doit produire le fruit précieux de la raison. En<br />

ne considérant ici que le corps et les sens, l'existence ne nous paraîtra complète<br />

que quand il pourra la communiquer; jusqu'alors sa vie n'est pour ainsi dire<br />

qu'une végétation ; il n'a que ce qu'il faut pour être et pour croître ; toutes les<br />

puissances intérieures de son corps se réduisent à sa nutrition et à son développe­<br />

ment ; les principes de vie qui consistent dans les molécules organiques vivantes<br />

qu'il tire des aliments, ne sont employés qu'à maintenir la nutrition, et sont tous<br />

absorbés par l'accroissement du moule , qui s'étend dans toutes ses dimensions :<br />

mais lorsque cet accroissement du corps est à peu près à son point, ces mêmes<br />

molécules organiques vivantes, qui ne sont plus employées à l'extension du moule,<br />

forment une surabondance de vie qui doit se répandre au dehors pour se commu­<br />

niquer. Le vœu de la nature n'est pas de renfermer notre existence en nous-<br />

mêmes : par la même loi qu'elle a soumis tous les êtres à la mort, elle les a conso­<br />

lés par la faculté de se reproduire; elle veut donc que cette surabondance de<br />

matière vivante se répande et soit employée à de nouvelles vies ; et quand on<br />

s'obstine à contrarier la nature, il en arrive souvent de funestes effets, dont il est<br />

bon de donner quelques exemples.<br />

Extrait d'un mémoire adressé à M. DE BUFFON par M. ***, le 1 er<br />

octobre 1774.<br />

« Je naquis de parents jeunes et robustes : je passai du sein de ma mère dans<br />

ses bras pour y être nourri de son lait ; mes organes et mes membres se dévelop­<br />

pèrent rapidement; je n'éprouvai aucune des maladies de l'enfance. J'avais de la<br />

facilité pour apprendre, et beaucoup d'acquis pour mon âge. A peine avais-je onze<br />

ans, que la force et la maturité précoce de mon tempérament me firent sentir vi­<br />

vement les aiguillons d'une passion qui communément ne se déclare que plus tard.<br />

Sans doute je me serais livré dès lors au plaisir qui m'entraînait; mais, prémuni<br />

par les leçons de mes parents, qui me destinaient à l'état ecclésiastique, envisa­<br />

geant ces plaisirs comme des crimes, je me conlins rigoureusement, en avouant<br />

néanmoins à mon père que l'état ecclésiastique n'était point ma vocation : mais il<br />

fut sourd à mes représentations, et il fortifia ses vues par le choix d'un directeur<br />

dont l'unique occupation était de former des jeunes ecclésiastiques; il me remit<br />

entre ses mains. Je ne lui laissai pas ignorer l'opposition que je me sentais pour la<br />

continence; il me persuada que je n'en aurais que plus de mérite, et je fis de<br />

bonne foi le vœu de n'y jamais manquer. Je m'efforçais de chasser les idées con­<br />

traires et d'étouffer mes désirs; je ne me permettais aucun mouvement qui eût<br />

trait à l'inclination de la nature : je captivai mes regards, et ne les portai jamais<br />

sur une personne du sexe ; j'imposai la même loi à mes autres sens. Cependant le<br />

besoin de la nature se faisait sentir si vivement, que je faisais des efforts incroya­<br />

bles pour y résister; de cette opposition, de ce combat intérieur, il en résultait une

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