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VARIÉTÉS DANS LA GÉNÉRATION. 167<br />

ment ont été produits ces insectes dans un lieu où l'air extérieur n'avait ni commu­<br />

nication ni aucune issue ? pourquoi leur génération s'est-elle opérée si facilement?<br />

pourquoi leur propagation a-t-elle été si grande ? quelle est l'origine de ceux qui,<br />

attachés sur le bord des fentes de la pierre qui couvrait le caveau, ne tenaient à la<br />

vie qu'en humant l'air que le cadavre exhalait ? d'où viennent enfin leur analogie<br />

et leur similitude avec les moucherons qui naissent dans le marc du vin ? Il sem­<br />

ble que plus on s'efforce de rassembler les lumières et les découvertes d'un plus<br />

grand nombre d'auteurs pour répandre un certain jour sur toutes ces questions,<br />

plus leurs jugements partagés et combattus les replongent dans l'obscurité où la<br />

nature les tient cachées.<br />

» Les anciens ont reconnu qu'il naît constamment et régulièrement une foule<br />

d'insectes ailés de la poussière humide des cavernes souterraines (1). Ces observa­<br />

tions, et l'exemple que je rapporte, établissent évidemment que telle est la structure<br />

de ces animalcules, que l'air n'est point nécessaire à leur vie ni à leur génération,<br />

et on a lieu de présumer qu'elle n'est accélérée, et que la multitude de ceux qui<br />

étaient renfermés dans le cercueil n'a été si grande, que parce que les substances<br />

animales qui sont concentrées profondément dans le sein de la terre, soustraites à<br />

l'action de l'air, ne souffrent presque point de déperdition, et que les opérations<br />

de la nature n'y sont troublées par aucun dérangement étranger.<br />

» D'ailleurs nous connaissons des animaux qui ne sont point nécessités de res­<br />

pirer notre air; il y en a qui vivent dans la machine pneumatique. Enfin Théo-<br />

phraste et Aristote ont cru que certaines plantes et quelques animaux s'engendrent,<br />

d'eux-mêmes, «ans germe, sans semence, sans la médiation d'aucun agent exté­<br />

rieur; car on ne peut pas dire, selon la supposition de Gassendi et de Lister, que<br />

les insectes du cadavre de notre hydropique aient été fournis par les animalcules<br />

qui circulent dans l'air, ni par les œufs qui peuvent se trouver dans les aliments,<br />

ou par des germes préexistants qui se sont introduits dans son corps pendant la<br />

vie, et qui ont éclos et se sont multipliés après sa mort.<br />

» Sans nous arrêter, pour rendre raison de ce phénomène, à tant de systèmes<br />

incomplets de ces philosophes, étayons nos idées de réflexions physiques d'un<br />

Savant naturaliste qui a porté, dans ce siècle, le flambeau de la science dans le<br />

chaos de la nature. Les éléments de notre corps sont composés de particules simi­<br />

laires et organiques, qui sont tout à la fois nutritives et productives ; elles ont une<br />

existence hors de nous, une vertu intrinsèque inaltérable : en changeant de posi­<br />

tion, de combinaison et de forme, leur tissu ni leur masse ne dépérissent point ;<br />

leurs propriétés originelles ne peuvent s'altérer : ce sont de petits ressorts doués<br />

d'une force active, en qui résident les principes du mouvement et de la vitalité,<br />

qui ont des rapports infinis avec toutes les choses créées, qui sont susceptibles<br />

d'autant de changements et de résultats divers qu'ils peuvent être mis en jeu par<br />

des causes différentes. Notre corps n'a d'adhérence à la vie qu'autant que ces mo-<br />

(1) Pline, Mit, ml., lib, Xlî,

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