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VARIÉTÉS DANS LA GÉNÉRATION. 169<br />

)) Si cette substance organique n'était effectivement douée de cette faculté généra-<br />

tivequi se manifeste d'une façon si authentique dans tout l'univers, comment pour­<br />

raient éclore ces animalcules qu'on découvre dans nos viscères les plus cachés, dans<br />

les vaisseaux les plus petits? Comment, dans des corps insensibles, sur des cendres<br />

inanimées, au centre de la pourriture et de la mort, dans le sein des cadavres qui re­<br />

posent dans une nuit et un silence imperturbables, naîtrait en si peu de temps une<br />

si grande multitude d'insectes si dissemblables à eux-mêmes, qui n'ont rien de<br />

commun que leur origine, et que Leeuwenhoek et M. de Réaumur ont toujours trou­<br />

vés d'une figure plus étrange, et d'une forme plus différente et plus extraordinaire?<br />

» Il y a des quadrupèdes qui sont remplis de lentes. Le P. Kircher (1) a aperçu,<br />

à l'aide d'un microscope, dans les feuilles de sauge, une espèce de réseau tissu<br />

comme une toile d'araignée, dont toutes les mailles montraient un nombre infini<br />

de petits animalcules. Swammerdam a vu le cadavre d'un animal qui fourmillait<br />

d'un million de vers ; leur quantité était si prodigieuse, qu'il n'était pas possible<br />

d'en découvrir les chairs qui ne pouvaient suffire pour les nourrir; il semblait à cet<br />

auteur qu'elles se transformaient toutes en vers.<br />

» Mais si ces molécules organiques sont communes à tous les êtres, si leur<br />

essence et leur action sont indestructibles, ces petits animaux devraient toujours<br />

être d'un même genre et d'une même forme ; ou si elle dépend de leur combinaison,<br />

d'où vient qu'ils ne varient pas à l'infini dans le même corps? pourquoi enfin ceux<br />

de notre cadavre ressemblaient-ils aux moucherons qui sortent du marc du vin?<br />

» S'il est vrai que l'action perpétuelle et unanime des organes vitaux détache et<br />

dissipe à chaque instant les parties les plus subtiles et les plus épurées de notre<br />

substance; s'il est nécessaire que nous réparions journellement les déperditions<br />

immenses qu'elle souffre par les émanations extérieures et par toutes les voies<br />

excrétoires; s'il faut enfin que les parties nutritives des aliments, après avoir reçu<br />

les coctions de toutes les élaborations que l'énergie de nos viscères leur fait subir,<br />

se modifient, s'assimilent, s'affermissent et inhérent aux extrémités des tuyaux<br />

capillaires, jusqu'à ce qu'elles en soient chassées et remplacées à leur tour par d'au­<br />

tres qui en sont amovibles, nous sommes induits à croire que la partie substan­<br />

tielle et vivante de notre corps doit acquérir le caractère des aliments que nous<br />

prenons, et doit tenir et emprunter d'eux les qualités foncières et plastiques qu'elles<br />

possèdent.<br />

» La qualité, la quantité de la chair, dit M. de Buffon (1), varient suivant les<br />

différentes nourritures. Cette matière organique que l'animal assimile à son corps<br />

par la nutrition n'est pas absolument indifférente à recevoir telle ou telle modifi­<br />

cation; elle retient quelques caractères de l'empreinte de son premier état, et agit<br />

par sa propre forme sur celle du corps organisé qu'elle nourrit... L'on peut donc<br />

présumer que des animaux auxquels on ne donnerait jamais que la même espèce<br />

(i) Scrut. pert., sect. I, cap. 7, experim, 3; et Mund. subterran, lib XII,<br />

(2) Histoire naturelle du cerf.<br />

V. 22

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