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DE LA REPRODUCTION EN GÉNÉRAL, 17<br />

formés de façon à nous représenter l'intérieur des corps, nous aurions alors une<br />

idée nette de cet intérieur, sans qu'il nous fut possible d'avoir, par ce même sens,<br />

aucune idée des surfaces : dans cette supposition, les moules pour l'intérieur, que<br />

j'ai dit qu'emploie la nature, nous seraient aussi faciles à voir et à concevoir que<br />

nous le sont les moules pour l'extérieur; et même les qualités qui pénètrent l'in­<br />

térieur des corps seraient les seules dont nous aurions des idées claires; celles qui<br />

ne s'exerceraient que sur les surfaces nous seraient inconnues, et nous aurions<br />

dans ce cas des voies de représentations pour imiter l'intérieur des corps, comme<br />

nous en avons pour imiter l'extérieur. Ces moules intérieurs, que nous n'aurons<br />

jamais, la nature peut les avoir, comme elle a les qualités de la pesanteur, qui en<br />

effet pénètrent à l'intérieur : la supposition de ces moules est donc fondée sur do<br />

bonnes analogies : il reste à examiner maintenant si elle ne renferme aucune con­<br />

tradiction.<br />

On peut nous dire que cette expression, moule intérieur, paraît d'abord renfermer<br />

deux idées contradictoires ; que celle du moule ne peut se rapporter qu'à la surface,<br />

et que celle de l'intérieur doit ici avoir rapport à la masse; c'est comme si on vou­<br />

lait joindre ensemble l'idée de la surface et l'idée de la masse, et on dirait tout<br />

aussi bien une surface massive qu'un moule intérieur.<br />

J'avoue que, quand il faut représenter des idées qui n'ont pas encore été expri­<br />

mées, on est obligé de se servir quelquefois de termes qui paraissent contradic­<br />

toires, et c'est par cette raison que les philosophes ont souvent employé, dans ces<br />

cas, des termes étrangers, afin d'éloigner de l'esprit l'idée de contradiction qui<br />

peut se présenter en se servant des termes usités et qui ont une signification reçue;<br />

mais nous croyons que cet artifice est inutile, dès qu'on peut faire voir que l'oppo­<br />

sition n'est que dans les mots, et qu'il n'y a rien de contradictoire dans l'idée : or<br />

je dis que toutes les fois qu'il y a unité dans l'idée, il ne peut y avoir contradic­<br />

tion; c'est-à-dire toutes les fois que nous pouvons nous former une idée d'une<br />

chose, si cette idée est simple, elle ne peut être composée, elle ne peut renfermer<br />

aucune autre idée, et par conséquent elle ne contiendra rien d'opposé, rien de<br />

contraire.<br />

Lès idées simples sont non-seulement les premières appréhensions qui nous<br />

viennent par les sens, mais encore les premières comparaisons que nous faisons<br />

de ces appréhensions : car si l'on y fait réflexion, l'on sentira bien que la première<br />

appréhension elle-même est toujours une comparaison; par exemple, l'idée de la<br />

grandeur d'un objet ou de son éloignement renferme nécessairement la comparai­<br />

son avec une unité de grandeur ou de distance. Ainsi lorsqu'une idée ne renferme<br />

qu'une comparaison, l'on doit la regarder comme simple, et dès lors comme ne<br />

contenant rien de contradictoire. Telle est l'idée du moule intérieur : je connais<br />

dans la nature une qualité qu'on appelle pesanteur, qui pénètre les corps à l'inté­<br />

rieur; je prends l'idée du moule intérieur relativement à cette qualité; cette idée<br />

n'enferme donc qu'une comparaison, et par conséquent aucune contradiction.<br />

Voyons maintenant les conséquences qu'on peut tirer de cette supposition, cher*<br />

V.<br />

3

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