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DE L'AGE VIRIL. 297<br />

comparaison des fardeaux que nous faisons porter à cet animal, même en distribuant<br />

le poids du fardeau aussi avantageusement qu'il nous est possible.<br />

On peut encore juger de la force par la continuité de l'exercice et par la légèreté<br />

des mouvements. Les hommes qui sont exercés à la course devancent des chevaux,<br />

ou du moins soutiennent ce mouvement bien plus longtemps ; et même, dans un<br />

exercice plus modéré, un homme accoutumé à marcher fera chaque jour plus do<br />

chemin qu'un cheval, et s'il ne fait que le même chemin, lorsqu'il aura marché au­<br />

tant de jours qu'il sera nécessaire pour que le cheval soit rendu, l'homme sera<br />

encore en état de continuer sa route sans en être incommodé. Les chaters d'Ispahan,<br />

qui sont des coureurs de profession, font trente-six lieues en quatorze ou quinze<br />

heures. Les voyageurs assurent que les Hottentots devancent les lions à la course,<br />

que les sauvages qui vont à la chasse de l'original poursuivent ces animaux, qui sont<br />

aussi légers que des cerfs, avec tant de vitesse, qu'ils les lassent et les attrapent. On<br />

raconte mille autres choses prodigieuses delà légèreté des sauvages à la course, et<br />

des longs voyages qu'ils entreprennent et qu'ils achèvent à pied dans les montagnes<br />

les plus escarpées, dans les pays les plus difficiles, où il n'y a aucun chemin battu,<br />

aucun sentier tracé ; ces hommes font, dit-on, des voyages de mille et douze cents<br />

lieues en moins de six semaines ou deux mois. Y a-t-il aucun animal, à l'excep­<br />

tion des oiseaux, qui ont en effet les muscles plus forts à proportion que tous les<br />

autres animaux; y a-t-il, dis-je, aucun animal qui pût soutenir cette longue fati­<br />

gue? L'homme civilisé ne connaît pas ses forces; il ne sait pas combien il en<br />

perd par la moResse, et combien R pourrait en acquérir par l'habitude d'un fort<br />

exercice.<br />

Il se trouve cependant quelquefois parmi nous des hommes d'une force extraor­<br />

dinaire : mais ce don de la nature, qui leur serait précieux s'ils étaient dans le cas<br />

de l'employer pour leur défense ou pour des travaux utiles, est un très-petit avan­<br />

tage dans une société policée, où l'esprit fait plus que le corps, et où le travail de<br />

la main ne peut être que celui des hommes du dernier ordre.<br />

Les femmes ne sont pas, à beaucoup près, aussi fortes que les hommes ; et la<br />

plus grand usage ou le plus grand abus que l'homme ait fait de sa force, c'est<br />

d'avoir asservi et traité souvent d'une manière tyranniquo cette moitié du guuro<br />

humain, faite pour partager avec lui les plaisirs et les peines de la vie. Les sauvages<br />

obligent leurs femmes à travailler continuellement : ce sont elles qui culliwnl la<br />

terre, qui font l'ouvrage pénible, tandis que le mari reste nonchalamment couchâ<br />

dans son hamac, dont il ne sort que pour aller à la chasse ou à la pôclio,<br />

ou pour se tenir debout dans la même attitude pendant des heures entières;<br />

car les sauvages ne savent ce que c'est que de se promener, et rien no les étonno<br />

plus dans nos manières, que de nous voir aller en droite ligne et revenir ensuito<br />

sur nos pas plusieurs fois de suite; ils n'imaginent pas qu'on puisse prendre ectto<br />

peine sans aucune nécessité, et se donner ainsi du mouvement qui n'aboutit à rien.<br />

Tous les hommes tendent à la paresse ; mais les sauvages des pays chauds sont les<br />

plus paresseux de tous les hommes, et les plus tyranniques à l'égard de leurs<br />

V» 38

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