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DE LA REPRODUCTION EN GÉNÉRAL. 15<br />

nous ignorons, et qu'on pourra trouver ou par hasard ou par des expériences.<br />

Il y a encore une autre espèce de question qu'on pourrait appeler question de fait :<br />

par exemple, pourquoi y a-t-il des arbres? pourquoi y a-t-il des chiens? pourquoi<br />

y a-t-il des puces, etc. Toutes ces questions de fait sont insolubles ; car ceux qui<br />

croient y répondre par des causes finales ne font pas attention qu'ils prennent l'ef­<br />

fet pour la cause ; le rapport que ces choses ont avec nous n'influant point du<br />

tout sur leur origine, la convenance morale ne peut jamais devenir une raison<br />

physique.<br />

Aussi faut-il distinguer avec soin les questions où l'on emploie le pourquoi, de<br />

celles où l'on doit employer le comment, et encore de celles où l'on ne doit employer<br />

que le combien. Le pourquoi est toujours relatif à la cause de l'effet ou au fait même,<br />

le comment est relatif à la façon dont arrive l'effet, et le combien n'a de rapport qu'à<br />

la mesure de cet effet.<br />

Tout ceci étant bien entendu, examinons maintenant la question de la repro-<br />

duction des êtres. Si l'on nous demande pourquoi les animaux et les végétaux se<br />

reproduisent, nous reconnaîtrons bien clairement que cette demande étant une<br />

question de fait, elle est dès lors insoluble, et qu'il est inutile de chercher à la ré­<br />

soudre ; mais si l'on demande comment les animaux et les végétaux se reprodui­<br />

sent, nous croirons y satisfaire en faisant l'histoire de la génération de chaque ani­<br />

mal en particuUer, et de la reproduction de chaque végétal aussi en particulier.<br />

Mais lorsqu'après avoir parcouru toutes les manières d'engendrer son semblable,<br />

nous aurons remarqué que toutes ces histoires de la génération, accompagnées même<br />

des observations les plus exactes, nous apprennent seulement les faits sans nous<br />

indiquer les causes, et que les moyens apparents dont la nature se sert pour la<br />

reproduction ne nous paraissent avoir aucun rapport avec les effets qui en résul­<br />

tent, nous serons obligés de changer la question, et nous serons réduits à deman­<br />

der quel est donc le moyen caché que la nature peut employer pour la reproduc­<br />

tion des êtres ?<br />

Cette question, qui est la vraie, est, comme l'on voit, bien différente de la pre­<br />

mière et de la seconde : eUe permet de chercher et d'imaginer ; et dès lors elle n'est<br />

pas insoluble, car elle ne tient pas immédiatement à une cause générale ; elle n'est<br />

pas non plus une pure question de fait ; et pourvu qu'on puisse concevoir un<br />

moyen de reproduction, l'on y aura satisfait : seulement il est nécessaire que ce<br />

moyen qu'on imaginera dépende des causes principales, ou du moins qu'il n'y ré­<br />

pugne pas; et plus il aura de rapport avec les autres effets de la nature, mieux il<br />

sera fondé.<br />

Par la question même, il est donc permis de faire des hypothèses et de choisir<br />

celle qui nous paraîtra avoir le plus d'analogie avec les autres phénomènes de la<br />

nature : mais il faut exclure du nombre de celles que nous pourrions employer,<br />

toutes celles qui supposent la chose faite : par exemple, celle par laquelle on sup­<br />

poserait que dans le premier germe tous les germes de la même espèce étaient<br />

contenus, ou bien qu'à chaque reproduction il y a une nouvelle création, que c'est

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