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DE LA VIEILLESSE ET DE LA MORT. »17<br />

que pour des personnes élevées, et devenues par leur éducation plus sensibles que<br />

les autres ; car le commun des hommes, surtout de la campagne, voient la mort<br />

sans effroi.<br />

La vraie philosophie est de voir les choses telles qu'elles sont; le sentiment inté­<br />

rieur serait toujours d'accord avec cette philosophie, s'il n'était perverti par les<br />

illusions de notre imagination et par l'habitude malheureuse que nous avons prise<br />

de nous forger des fantômes de douleur et de plaisir : il n'y a rien de terrible ni<br />

rien de charmant que de loin; mais, pour s'en assurer, il faut avoir le courage<br />

ou la sagesse de voir l'un et l'autre de près.<br />

Si quelque chose peut confirmer ce que nous avons dit au sujet de la cessation<br />

graduelle de la vie, et prouver encore mieux que sa fin n'arrive que par nuances<br />

souvent insensibles, c'est l'incertitude des signes de la mort. Qu'on consulte les<br />

recueils d'observations, et en particulier, celles que MM. "Winslow et Bruhier nous<br />

ont données sur ce sujet, on sera convaincu qu'entre la mort et la vie, il n'y a sou­<br />

vent qu'une nuance si faible qu'on ne peut l'apercevoir, même avec toutes les lu­<br />

mières de l'art de la médecine et de l'observation la plus attentive. Selon eux, « le<br />

coloris du visage, la chaleur du corps, la mollesse des parties flexibles, sont des<br />

signes certains d'une vie encore subsistante, comme la pâleur du visage, le froid.<br />

du corps, la roideur des extrémités, la cessation des mouvements, et l'abolition des<br />

sens externes, sont des signes très-équivoques d'une mort certaine. » lien est de<br />

même de la cessation apparente du pouls et de la respiration : ces mouvements sont<br />

quelquefois tellement engourdis et assoupis, qu'il n'est pas possible de les aperce­<br />

voir. On approche un miroir ou une lumière de la bouche du malade; si le miroir<br />

se ternit, ou si la lumière vacille, on conclut qu'il respire encore : mais souvent ces<br />

effets arrivent par d'autres causes, lors même que le malade est mort en effet; et<br />

quelquefois ils n'arrivent pas, quoiqu'il soit encore vivant. Ces moyens sont donc<br />

très-équivoques. On irrite les narines par des sternutatoires, des liqueurs pénétran­<br />

tes : on cherche à réveiller les organes du tact par des piqûres, des brûlures, etc. ;<br />

on donne des lavements de fumée, on agite les membres par des mouvements vio­<br />

lents ; on fatigue l'oreille par des sons aigus et des cris ; on scarifie les omoplates,<br />

le dedans des mains et la plante des pieds ; on y applique des fers rouges, de la<br />

cire d'Espagne brûlante, etc., lorsqu'on veut être bien convaincu de la certitude de<br />

la mort de quelqu'un : mais il y a des cas où toutes ces épreuves sont inutiles,<br />

et on a des exemples, surtout de personnes cataleptiques, qui, les ayant subies,<br />

sans donner aucun signe de vie, sont ensuite revenues d'elles-mêmes, au grand<br />

étonnement des spectateurs.<br />

Rien ne prouve mieux combien un certain état de vie ressemble à l'état de<br />

la mort; rien aussi ne serait plus raisonnable et plus selon l'humanité que de se<br />

presser un peu moins qu'on ne fait d'abandonner, d'ensevelir et d'enterrer les<br />

corps : pourquoi n'attendre que dix, vingt ou vingt-quatre heures, puisque ce<br />

temps ne suffit pas pour distinguer une mort vraie d'une mort apparente, et qu'on<br />

a des exemples de personnes sorties de leur tombeau au bout de deux ou trois

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