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DE LA VIEILLESSE ET DE LA MORT. SU<br />

de Pologne. Mais, à prendre le genre humain en général, il n'y a pour ainsi dire<br />

aucune différence dans la durée de la vie ; l'homme qui ne meurt point de maladies<br />

accidentelles, vit partout quatre-vingt-dix ou cent ans ; nos ancêtres n'ont pas<br />

vécu davantage, et depuis le siècle de David ce terme n'a point du tout varié. Si<br />

l'on nous demande pourquoi la vie des premiers hommes était beaucoup plus lon­<br />

gue, pourquoi ils vivaient neuf cents, neuf cent trente et jusqu'à neuf cent<br />

soixante-neuf ans, nous pourrions peut-être en donner une raison en disant que<br />

les productions de la terre dont ils faisaient leur nourriture étaient alors d'une<br />

nature différente de ce qu'elles sont aujourd'hui; la surface du globe devait être,<br />

comme on l'a vu (tome I, Théorie de la Terre), beaucoup moins solide et moins<br />

compacte dans les premiers temps après la création, qu'elle ne l'est aujourd'hui,<br />

parce que la gravité n'agissant que depuis peu de temps, les matières terrestres<br />

n'avaient pu acquérir en aussi peu d'années la consistance et la solidité qu'elles<br />

ont eues depuis; les productions de la terre devaient être analogues à cet état; la<br />

surface de la terre étant moins compacte, moins sèche, tout ce qu'elle produisait<br />

devait être plus ductile, plus souple, plus susceptible d'extension; il se pouvait<br />

donc que l'accroissement de toutes les productions de la nature, et même celui du<br />

corps de l'homme ne se fît pas en aussi peu de temps qu'il se fait aujourd'hui; les<br />

os, les muscles, etc., conservaient peut-être plus longtemps leur ductilité et leur<br />

mollesse, parce que toutes les nourritures étaient elles-mêmes plus molles et plus<br />

ductiles ; dès lors toutes les parties du corps n'arrivaient à leur développement en­<br />

tier qu'après un grand nombre d'années : la génération ne pouvait s'opérer par<br />

conséquent qu'après cet accroissement pris en entier ou presque en entier, c'est-à-<br />

dire à cent vingt ou cent trente ans, et la durée de la vie était proportionnelle à<br />

celle du temps de l'accroissement, comme elle l'est encore aujourd'hui : car en<br />

supposant que l'âge de puberté des premiers hommes, l'âge auquel ils commen­<br />

çaient à pouvoir engendrer, fût celui de cent trente ans, l'âge auquel on peut en­<br />

gendrer aujourd'hui étant celui de quatorze ans, il se trouvera que le nombre des<br />

années de la vie des premiers hommes et de ceux d'aujourd'hui sera dans la môme<br />

proportion, puisqu'en multipliant chacun de ces deux nombres par le même nom­<br />

bre, par exemple par sept, on verra que la vie des hommes d'aujourd'hui étant de<br />

quatre-vingt-dix-huit ans, celle des hommes d'alors devait être de neuf cent dix<br />

ans; il se peut donc que la durée de la vie de l'homme ait diminué peu à peu à<br />

mesure que la surface de la terre a pris plus de solidité par l'action continuelle de<br />

la pesanteur, et que les siècles qui se sont écoulés depuis la création jusqu'à celui<br />

de David, ayant suffi pour faire prendre aux matières terrestres toute la solidité<br />

qu'elles peuvent acquérir par la pression de la gravité, la surface de la terre soit<br />

depuis ce temps-là demeurée dans le même état, et qu'elle ait acquis dès lors toute<br />

la consistance qu'elle devait avoir à jamais, et que tous les termes de l'accroisse­<br />

ment de ses productions aient été fixés aussi bien que celui de la durée de la vie.<br />

Indépendamment des maladies accidentelles qui peuvent arriver à tout âge, et<br />

qui dans la vieillesse deviennent plus dangereuses et plus fréquentes, les vieillards

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