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242 DE L'HOMME.<br />

fortifier son estomac et procurer les évacuations qui doivent le disposer à recevoir<br />

la nourriture et à la digérer : ce n'est que dix ou douze heures après la naissance<br />

qu'il doit téter pour la première fois.<br />

A peine l'enfant est-il sorti du sein de sa mère, à peine jouit-il de la liberté de<br />

mouvoir et d'étendre ses membres, qu'on lui donne de nouveaux liens : on l'em-<br />

maillotte, on le couche la tête fixe et les jambes allongées, les bras pendants à côté<br />

du corps ; il est entouré de linges et de bandages de toute espèce qui ne lui per­<br />

mettent pas de changer de situation; heureux si on ne l'a pas serré au point de<br />

l'empêcher de respirer, et si on a eu la précaution de le coucher sur le côté, afin<br />

que les eaux qu'il doit rendre par la bouche puissent tomber d'elles-mêmes, car il<br />

n'aurait pas la liberté de tourner la tête sur le côté pour en faciliter l'écoulement!<br />

Les peuples qui se contentent de couvrir ou de vêtir leurs enfants sans les mettre<br />

au maillot, ne font-ils pas mieux que nous? les Siamois, les Japonais, les Indiens,<br />

les Nègres, les sauvages du Canada, ceux de la Virginie, du Brésil, et la plupart des<br />

peuples de la partie méridionale de l'Amérique, couchent les enfants nus sur des<br />

lits de coton suspendus, ou les mettent dans des espèces de berceaux couverts et<br />

garnis de pelleteries. Je crois que ces usages ne sont pas sujets à autant d'inconvé­<br />

nients que le nôtre : on ne peut pas éviter, en emmaillottant les enfants, de les gêner<br />

au point de leur faire ressentir de la douleur; les efforts qu'ils font pour se débar­<br />

rasser sont plus capables de corrompre l'assemblage de leur corps, que les mau­<br />

vaises situations où ils pourraient se mettre eux-mêmes s'ils étaient en liberté. Les<br />

bandages du maillot peuvent être comparés aux corps que l'on fait porter aux filles<br />

dans leur jeunesse: cette espèce de cuirasse, ce vêtement incommode, qu'on a<br />

imaginé pour soutenir la taille et l'empêcher de se déformer, cause cependant plus<br />

d'incommodités et de difformités qu'il n'en prévient.<br />

Si le mouvement que les enfants veulent se donner dans le maillot peut leur<br />

être funeste, l'inaction dans laquelle cet état les retient peut aussi leur être nui­<br />

sible : le défaut d'exercice est capable de retarder l'accroissement des membres et<br />

de diminuer les forces du corps. Ainsi les enfants qui ont la liberté de mouvoir<br />

leurs membres à leur gré doivent être plus forts que ceux qui sont emmaillottés :<br />

c'était pour cette raison que les anciens Péruviens laissaient les bras libres aux en­<br />

fants dans un maillot fort large ; lorsqu'ils les en tiraient, ils les mettaient en<br />

liberté dans un trou fait en terre et garni de linges, dans lequel ils les descendaient<br />

jusqu'à la moitié du corps : de cette façon ils avaient les bras libres, et ils pou­<br />

vaient mouvoir leur tête et fléchir leur corps à leur gré, sans tomber et sans se<br />

blesser; dès qu'ils pouvaient faire un pas, on leur présentait la mamelle d'un peu<br />

loin comme un appât pour les obliger à marcher. Les petits nègres sont quelque­<br />

fois dans une situation bien plus fatigante pour téter : ils embrassent l'une des<br />

hanches de la mère avec leurs genoux et leurs pieds, et ils la serrent si bien, qu'ils<br />

peuvent s'y soutenir sans le secours des bras de la mère; ils s'attachent à la ma-<br />

ruelle avec leurs mains, ils la sucent constamment sans se déranger et sans tom­<br />

ber, malgré les différents mouvements de la mère, qui, pendant ce temps, travaille

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