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4 ANIMAUX.<br />

faculté de se mouvoir et de changer de lieu, dont les animaux sont doués, et qui<br />

n'est pas donnée aux végétaux. Il est vrai que nous ne connaissons aucun végétal<br />

qui ait le mouvement progressif; mais nous voyons plusieurs espèces d'animaux,<br />

comme les huîtres, les galle-insectes, etc., auxquelles ce mouvement paraît avoir<br />

été refusé ; cette différence n'est donc pas générale et nécessaire.<br />

Une différence plus essentielle pourrait se tirer de la faculté de sentir, qu'on ne<br />

peut guère refuser aux animaux, et dont il semble que les végétaux soient privés :<br />

mais ce mot sentir*renferme un si grand nombre d'idées, qu'on ne doit pas le pro­<br />

noncer avant que d'en avoir fait l'analyse : car si par sentir nous entendons seule­<br />

ment faire une action de mouvement à l'occasion d'un choc ou d'une résistance,<br />

nous trouverons que la plante sensitive est capable de cette espèce de sentiment,<br />

comme les animaux. Si au contraire on veut que sentir signifie apercevoir et com­<br />

parer des perceptions, nous ne sommes pas sûrs que les animaux aient cette espèce<br />

de sentiment ; et si nous accordons quelque chose de semblable aux chiens, aux<br />

éléphants, etc., dont les actions semblent avoir les mêmes causes que les nôtres,<br />

nous le refuserons à une infinité d'espèces d'animaux, et surtout à ceux qui nous<br />

paraissent être immobiles et sans action : si on voulait que les huîtres, par exem­<br />

ple, eussent du sentiment comme les chiens, mais à un degré fort inférieur, pour­<br />

quoi n'accorderait-on pas aux végétaux ce même sentiment dans un degré encore<br />

au-dessous? Cette différencê entre les animaux et les végétaux non-seulement n'est<br />

pas générale, mais même n'est pas bien décidée.<br />

Une troisième différence paraît être dans la manière de se nourrir. Les animaux<br />

par le moyen de quelques organes extérieurs, saisissent les choses qui leur con­<br />

viennent; ils vont chercher leur pâture, ils choisissent leurs aliments : les plantes<br />

au contraire paraissent être réduites à recevoir la nourriture que la terre veut bien<br />

leur fournir: il semble que cette nourriture soit toujours la même, aucune diver­<br />

sité dans la manière de se la procurer, aucun choix dans l'espèce ; l'humidité de<br />

la terre est leur seul aliment. Cependant, si l'on fait attention à l'organisation et<br />

à l'action des racines et des feuilles, on reconnaîtra bientôt que ce sont là les or­<br />

ganes extérieurs dont les végétaux se servent pour pomper la nourriture ; on verra<br />

que les racines se détournent d'un obstacle ou d'une veine de mauvais terrain pour<br />

aller chercher la bonne terre ; que même ces racines se divisent, se multiplient,<br />

et vont jusqu'à changer de forme pour procurer de la nourriture à la plante : la<br />

différence entre les animaux et les végétaux ne peut donc pas s'établir sur la ma­<br />

nière dont ils se nourrissent.<br />

Cet examen nous conduit à reconnaître évidemment qu'il n'y a aucune diffé­<br />

rence absolument essentielle et générale entre les animaux et les végétaux, mais<br />

que la nature descend par degrés et par nuances imperceptibles d'un animal qui<br />

nous paraît le plus parfait à celui qui l'est le moins, et de celui-ci au végétal. Le<br />

polype d'eau douce sera, si l'on veut, le dernier des animaux et la première des<br />

plantes.<br />

En effet, après voir examiné les différences, si nous cherchons les ressemblances

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