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DE LA PUBERTÉ. 279<br />

enceinte, qu'elle ne me donna point de désirs, et que je ne la vis que telle qu'elle»<br />

était.<br />

» 4° L'humeur devenant de jour en jour plus abondante, et ne trouvant point<br />

d'issue, par la résolution constante où j'étais de garder la continence, porta tout<br />

d'un coup à la tête, et y causa le délire suivi de convulsions.<br />

» On comprendra aisément que cette humeur trop abondante, jointe à une<br />

excellente organisation, devait exalter mon imagination : toute ma vie n'avait été<br />

qu'un effort vers la vertu de la chasteté; la passion de l'amour, qui, d'après mes<br />

dispositions naturelles, aurait dû se faire sentir la première, fut la dernière à me<br />

conquérir. Ce n'est pas qu'elle n'eût formé la première de violentes attaques contre<br />

mon âme : mais mon état, toujours présent à ma mémoire, faisait que je la regar­<br />

dais avec horreur ; et ce ne fut que quand j'eus entièrement oublié mon état, et au<br />

bout de six mois que dura ma maladie, que je me livrai à cette passion, et que je<br />

ne repoussai pas les images qui pouvaient la satisfaire.<br />

» Au reste, je ne me flatte pas d'avoir donné une idée juste ni un détail exact de<br />

l'excès et de la multiplicité des maux et des douleurs qu'a soufferts en moi la na­<br />

ture dans le cours de ma malheureuse jeunesse, ni même dans cette dernière crise :<br />

j'en ai rapporté fidèlement les traits principaux ; et, après cette étonnante maladie,<br />

me considérant moi-même, je ne vis qu'un triste et infortuné mortel, honteux et<br />

confus de son état, mis entre le marteau et l'enclume, en opposition avec les devoirs<br />

de religion et la nécessité de nature ; menacé de maladie s'il refusait celle-ci, do<br />

honte et d'ignominie s'R abandonnait celle-là : affreuse alternative! aussi fus-je<br />

tenté de maudire le jour qui m'avait rendu la lumière ; plus d'une fois je m'écriai<br />

avec Job : Lux cur data misero ? »<br />

Je termine ici l'extrait de ce Mémoire de M.*** qui m'est venu voir de fort loin<br />

pour m'en certifier les faits : c'est un homme bien fait, très-vigoureux de corps, et<br />

en même temps spirituel, honnête et très-religieux; je ne puis donc douter de sa<br />

véracité. J'ai vu, sous mes yeux, l'exemple d'un autre ecclésiastique qui, désespéré<br />

de manquer trop souvent au devoir de son état, s'est fait lui-même l'opération<br />

d'Origène. La rétention trop longue de la liqueur séminale peut donc causer de<br />

grands maux d'esprit et de corps, la démence et l'épilepsie ; car la maladie de M.***<br />

n'était qu'un délire épileptique qui a duré six mois. La plupart des animaux entrent<br />

en fureur dans le temps du rut, ou tombent en convulsion lorsqu'ils ne peuvent<br />

satisfaire ce besoin de nature : les perroquets, les serins, les bouvreuils et les autres<br />

oiseaux, éprouvent tous les effets d'une véritable épilepsie lorsqu'ils sont privés de<br />

leurs femelles. On a souvent remarqué dans les serins que c'est au moment qu'ils<br />

chantent le plus fort. Or, comme je l'ai dit (1), le chant est dans les oiseaux l'ex­<br />

pression vive du sentiment d'amour. Un serin séparé de sa femelle, qui la voit sans<br />

pouvoir l'approcher, ne cesse de chanter, et tombe enfin tout à coup, faute de<br />

jouissance, ou plutôt de l'émission de cette liqueur de vie dont la nature ne veut<br />

(1) Voyez le Discours sur la nature des oiseaux,

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