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DE L'ENFANCE, 243<br />

à son ordinaire. Ces enfants commencent à marcher dès le second mois, ou plutôt<br />

à se traîner sur les genoux et sur les mains : cet exercice leur donne pour la suite<br />

la facilité de courir dans cette situation presque aussi vite que s'ils étaient "ur<br />

leurs pieds.<br />

Les enfants nouveau-nés dorment beaucoup ; mais leur sommeil est souvent<br />

interrompu : ils ont aussi besoin de prendre souvent de la nourriture ; on les fait téter<br />

pendant la journée, de deux heures en deux heures, et pendant la nuit, à chaque<br />

fois qu'ils se réveillent. Us dorment pendant la plus grande partie du jour et de la<br />

nuit dans les premiers temps de leur vie; ils semblent même n'être éveillés que<br />

par la douleur ou par la faim : aussi les plaintes et les cris succèdent presque tou­<br />

jours à leur sommeil. Comme ils sont obligés de demeurer dans la même situation<br />

dans le berceau, et qu'ils sont toujours contraints parles entraves du maillot, cette<br />

situation devient, fatigante et douloureuse après un certain temps; ils sont mouil­<br />

lés et souvent refroidis par leurs excréments, dont l'âcreté offense la peau, qui est<br />

fine et délicate, et par conséquent très-sensible. Dans cet état, les enfants ne font<br />

que des efforts impuissants ; ils n'ont, dans leur faiblesse, que l'expression des<br />

gémissements pour demander du soulagement. On doit avoir la plus grande<br />

attention à les secourir, ou plutôt il faut prévenir tous ces inconvénients en<br />

changeant une partie de leurs vêtements : au moins deux ou trois fois par jour,<br />

et même dans la nuit ; ce soin est si nécessaire que les sauvages mêmes y sont<br />

attentifs, quoique le linge manque aux sauvages, et qu'il ne leur soit pas possible<br />

de changer aussi souvent de pelleterie que nous pouvons changer de linge. Us sup­<br />

pléent à ce défaut en mettant dans les endroits convenables quelque matière assez<br />

commune pour qu'ils ne soient pas dans la nécessité de l'épargner. Dans la partie<br />

septentrionale de l'Amérique, on met au fond des berceaux une bonne quantité de<br />

cette poudre que l'on tire du bois qui a été rongé des vers, et que l'on appelle com­<br />

munément vermoulu ; les enfants sont couchés sur cette poudre, et recouverts de<br />

pelleteries. On prétend que cette sorte de lit est aussi douce et aussi molle que la<br />

plume : mais ce n'est pas pour flatter la délicatesse des enfants que cet usage est<br />

introduit; c'est seulement pour les tenir propres : en effet, cette poudre pompe<br />

l'humidité, et après un certain temps on la renouvelle. En Virginie, on attache<br />

les enfants nus sur une planche garnie de coton, qui est percée pour l'écoulement<br />

des excréments. Le froid de ce pays devrait contrarier cette pratique, qui est pres­<br />

que générale en Orient, et surtout en Turquie. Au reste, cette précaution supprime<br />

, toute sorte de soins; c'est toujours le moyen le plus sûr de prévenir les effets de la<br />

négligence ordinaire des nourrices. Il n'y a que la tendresse maternelle qui soit<br />

capable de cette vigilance continuelle, de ces petites attentions si nécessaires :<br />

peut-on l'espérer des nourrices mercenaires et grossières ?<br />

Les unes abandonnent leurs enfants pendant plusieurs heures sans avoir la<br />

moindre inquiétude sur leur état ; d'autres sont assez cruelles pour n'être pas tou­<br />

chées de leurs gémissements : alors ces petits infortunés entrent dans une sorte de<br />

désespoir ; ils font tous les efforts dont ils sont capables ; ils poussent des cris qui

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