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298 DE L'HOMME.<br />

femmes par les services qu'ils en exigent avec une dureté vraiment sauvage. Chez<br />

les peuples policés les hommes, comme les plus forts, ont dicté des lois où les<br />

femmes sont toujours plus lésées à proportion de la grossièreté des moeurs; et ce<br />

n'est que parmi les nations civilisées jusqu'à la politesse que les femmes ont obtenu<br />

cette égalité de condition, qui cependant est si naturelle et si nécessaire à la dou­<br />

ceur de la société : aussi cette politesse dans les moeurs est-elle leur ouvrage ; elles<br />

ont opposé à la force des armes victorieuses, lorsque par leur modestie elles nous<br />

ont appris à reconnaître l'empire de la beauté, avantage naturel plus grand que<br />

celui de la force, mais qui suppose l'art de le faire valoir : car les idées que les<br />

différents peuples ont de la beauté sont si singulières et si opposées qu'il y a tout<br />

lieu de croire que les femmes ont plus gagné par l'art de se faire désirer que par ce<br />

don même de la nature, dont les hommes jugent si différemment; ils sont bien<br />

plus d'accord sur la valeur de ce qui est en effet l'objet de leurs désirs : le prix de<br />

la chose augmente par la difficulté d'en obtenir la possession. Les femmes ont eu de<br />

la beauté dès qu'elles ont su se respecter assez pour se refuser à tous ceux qui ont<br />

voulu les attaquer par d'autres voies que par celles du sentiment, et, du sentiment<br />

une fois né, la politesse des moeurs a dû suivre.<br />

" Les anciens avaient des goûts de beauté différents des nôtres. Les petits fronts,<br />

les sourcils joints ou presque point séparés, étaient des agréments dans le visage<br />

d'une femme : on fait encore aujourd'hui grand cas, en Perse, de gros sourcils qui<br />

Sé joignent. Dans quelques pays des Indes il faut, pour être belle, avoir les dents<br />

noires et les cheveux blancs, et l'une des principales occupations des femmes aux<br />

îles Mariannes est de se noircir les dents avec des herbes, et de se blanchir les che­<br />

veux à force de les laver avec certaines eaux préparées. A la Chine et au Japon<br />

c'est une beauté que d'avoir le visage large, les yeux petits et couverts, le nez ca­<br />

mus et large, les pieds extrêmement petits, le ventre fort gros, etc. Il y a des peu­<br />

ples parmi les Indiens de l'Amérique et de l'Asie qui aplatissent la tête de leurs<br />

enfants en leur serrant le front et le derrière de la tête entre des planches, afin de<br />

rendre leur visage beaucoup plus large qu'il ne le serait naturellement; d'autres<br />

aplatissent la tête et l'allongent en la serrant par les côtés; d'autres l'aplatissent<br />

par le sommet; d'autres enfin la rendent la plus ronde qu'ils peuvent. Chaque na­<br />

tion a des préjugés différents sur la beauté, chaque homme a même sur cela ses<br />

idées et son goût particulier; ce goût est apparemment relatif aux premières im­<br />

pressions agréables qu'on a reçues de certains objets dans le temps de l'enfance,<br />

et dépend peut-être plus de l'habitude et du hasard que de la disposition de nos<br />

organes. Nous verrons, lorsque nous traiterons du développement des sens, sur<br />

quoi peuvent être fondées les idées de beauté en général que les yeux peuvent nous<br />

en donner.

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