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44 ANIMAUX.<br />

avaient établis, lesquels ne pouvaient pas avoir une heureuse application à l'objet<br />

présent de la génération, parce qu'elle dépend en effet, comme nous l'avons fait<br />

voir, de principes tout différents. Je ne dois pas oublier de dire que Descartes dif­<br />

férait encore d'Aristote, en ce qu'il admet le mélange des liqueurs séminales des<br />

deux sexes, qu'il croit que le mâle et la femelle fournissent tous deux quelque<br />

chose de matériel pour la génération, et que c'est par la fermentation occasionnée<br />

par le mélange de ces deux liqueurs séminales, que se fait la formation du fœtus.<br />

Il paraît que si Aristote eût voulu oublier son système général de philosophie,<br />

pour raisonner sur la génération comme sur un phénomène particulier et indé­<br />

pendant de son système, il aurait été capable de nous donner tout ce qu'on<br />

pouvait espérer de meilleur sur cette matière : car il ne faut que lire son Traité<br />

pour reconnaître qu'il n'ignorait aucun des faits anatomiques, aucune observation,<br />

et qu'il avait des connaissances très-approfondies sur toutes les parties accessoires<br />

à ce sujet, et d'ailleurs un génie élevé, tel qu'il le faut pour rassembler avantageu­<br />

sement les observations et généraliser les faits.<br />

Hippocrate, qui vivait sous Perdiccas, c'est-à-dire environ cinquante ou soixante<br />

ans avant Aristote, a établi une opinion qui a été adoptée par Galien, et suivie en<br />

tout ou en partie par le plus grand nombre des médecins jusque dans les derniers<br />

siècles ; son sentiment était que le mâle et la femelle avaient chacun une liqueur<br />

prolifique. Hippocrate voulait même de plus que dans chaque sexe il y eût deux<br />

liqueurs séminales, l'une plus forte et plus active, l'autre plus faible et moins ac­<br />

tive. La plus forte liqueur séminale du mâle, mêlée avec la plus forte liqueur sémi­<br />

nale de la femelle, produit un enfant mâle ; et la plus faible liqueur séminale du<br />

mâle, mêlée avec la plus faible liqueur séminale de la femelle, produit une femelle :<br />

de sorte que le mâle et la femelle contiennent chacun, selon lui, une semence mâle<br />

et une semence femelle. Il appuie cette hypothèse sur le fait suivant : savoir, que<br />

plusieurs femmes qui d'un premier mari n'ont produit que des filles, d'un second<br />

ont produit des garçons, et que ces mêmes hommes dont les premières femmes n'a­<br />

vaient produit que des filles, ayant pris d'autres femmes, ont engendré des gar­<br />

çons. Il me paraît que, quand même ce fait serait bien constaté, il ne serait pas<br />

nécessaire, pour en rendre raison, de donner au mâle et à la femelle deux espèces<br />

de liqueur séminale, l'une mâle et l'autre femelle, car on peut concevoir aisément<br />

que les femmes qui de leur premier mari n'ont produit que des filles, et avec d'au­<br />

tres hommes ont produit des garçons, étaient seulement telles qu'elles fournissaient<br />

plus de parties propres à la génération avec le premier mari qu'avec le second, ou<br />

que le second mari était tel qu'il fournissait plus de parties propres à la génération<br />

avec la seconde femme qu'avec la première ; car lorsque, dans l'instant de la forma­<br />

tion du fœtus, les molécules organiques du mâle sont plus abondantes que celles de<br />

la femelle, il en résulte un mâle ; et lorsque ce sont les molécules organiques de la<br />

femelle qui abondent le plus, il en résulte une femelle, et il n'est point étonnant<br />

qu'avec certaines femmes un homme ait du désavantage à cet égard, tandis qu'il<br />

aura de la supériorité avec d'autres femmes.

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