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VARIÉTÉS DANS L'ESPÈCE HUMAINE. 4-17<br />

du lieu envoie prendre la femme et la fait vendre, et en donne une autre à l'homme<br />

qui s'en plaint : et de même si la femme se plaint la première, on la laisse libre et<br />

on lui ôte son mari.<br />

Les Mingréliens sont, au rapport des voyageurs, tout aussi beaux et aussi bien<br />

faits que les Géorgiens et les Circassiens, et il semble que ces trois peuples ne<br />

fassent qu'une seule et même race d'hommes.<br />

« Il y a en Mingrélie, dit Chardin, des femmes merveilleusement bien faites,<br />

d'un air majestueux, de visage et de taille admirables; elles ont outre cela un re­<br />

gard engageant qui caresse tous ceux qui les regardent. Les moins belles et celles<br />

qui sont âgées se fardent grossièrement, et se peignent tout le visage, sourcils,<br />

joues, front, nez, menton : les autres se contentent de se peindre les sourcils; elles<br />

se parent le plus qu'elles peuvent. Leur habit est semblable à celui des Persanes ;<br />

elles portent un voile qui ne couvre que le dessus et le derrière de la tète. Elles<br />

ont de l'esprit; elles sont civiles et affectueuses, mais en même temps très-perfi­<br />

des, et il n'y a point de méchanceté qu'elles ne mettent en usage pour se faire des<br />

amants, pour les conserver ou pour les perdre. Les hommes ont aussi bien des<br />

mauvaises qualités: ils sont tous élevés au larcin, ils l'étudient; ils en font leur<br />

emploi, leur plaisir et leur honneur : ils content avec une satisfaction extrême<br />

les vols qu'ils ont faits : ils en sont loués, ils en tirent leur plus grande gloire.<br />

L'assassinat, le vol, le mensonge, c'est ce qu'ils appellent de belles actions. Le<br />

concubinage, la bigamie, l'inceste, sont des habitudes vertueuses en Mingrélie :<br />

l'on s'y enlève les femmes les uns aux autres ; on y prend sans scrupule sa tante,<br />

sa nièce, la tante de sa femme ; on épouse deux ou trois femmes à la fois, et cha­<br />

cun entretient autant de concubines qu'il veut. Les maris sont très-peu jaloux ;<br />

et, quand un homme prend sa femme sur le fait avec son galant, il a le droit de<br />

le contraindre à payer un cochon, et d'ordinaire il ne prend pas d'autre vengeance ;<br />

le cochon se mange entre eux trois. Us prétendent que c'est une très-bonne et très-<br />

louable coutume d'avoir plusieurs femmes et plusieurs concubines, parce qu'on<br />

engendre beaucoup d'enfants qu'on vend argent comptant, et qu'en échange pour<br />

des hardes ou pour des vivres. »<br />

Au reste ces esclaves ne sont pas fort chers : car les hommes âgés depuis vingt-<br />

cinq ans jusqu'à quarante ne coûtent que quinze écus; ceux qui sont plus âgés,<br />

huit ou dix ; les belles filles d'entre treize et dix-huit ans, vingt écus, les autres<br />

moins; les femmes, douze écus; et les enfants, trois ou quatre.<br />

Les Turcs, qui achètent un très-grand nombre de ces esclaves, sont un peuple<br />

composé de plusieurs autres peuples; les Arméniens, les Géorgiens, les Turcomans,<br />

se sont mêlés avec les Arabes, les Égyptiens, et même avec les Européens dans le<br />

temps des croisades. Il n'est donc guère possible de reconnaître les habitants na­<br />

turels de l'Asie Mineure, de la Syrie et du reste de la Turquie; tout ce qu'on peut<br />

dire, c'est qu'en général les Turcs sont des hommes robustes et assez bien faits : il<br />

est même assez rare de trouver parmi eux des bossus et des boiteux. Les femmes<br />

sont ordinairement belles, bien faites et sans défauts ; elles sont fort blanches,<br />

v. 53

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