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176 ANIMAUX*<br />

grandes espèces pourraient bien ne pas naître, ou ne pas arriver à leurs dimen­<br />

sions.<br />

Nous en avons presque un exemple dans les animaux de l'Amérique méridio­<br />

nale : ce continent qui ne tient au reste de la terre que par la chaîne étroite et mon-<br />

tueuse de l'isthme de Panama, et auquel manquent tous les grands animaux nés<br />

dans les premiers temps de la forte chaleur de la terre, ne nous présente qu'une<br />

nature moderne dont tous les moules sont plus petits que ceux de la nature plus<br />

ancienne dans l'autre continent; au heu de l'éléphant, du rhinocéros, de l'hippo­<br />

potame, de la girafe et du chameau, qui sont les espèces insignes de la nature dans<br />

le vieux continent, on ne trouve dans le nouveau, sous la même latitude, que le<br />

tapir, le cabiai, le lama, la vigogne, qu'on peut regarder comme leurs représen­<br />

tants dégénérés, défigurés, rapetissés, parce qu'ils sont nés plus tard, dans un temps<br />

où la chaleur du globe était déjà diminuée. Et aujourd'hui que nous nous trouvons<br />

dans le commencement de l'arrière-saison de la chaleur du globe, si, par quelque<br />

grande catastrophe, la nature vivante se trouvait dans la nécessité de remplacer<br />

les formes actuellement existantes, elle ne pourrait le faire que d'une manière<br />

encore plus imparfaite qu'elle l'a fait en Amérique ; ses productions n'étant aidées,<br />

dans leur développement, que de la faible chaleur de la température actuelle du<br />

globe, seraient encore plus petites que celles du nouveau continent.<br />

Tout philosophe sans préjugés, tout homme de bon esprit qui voudra lire avec<br />

attention ce que j'ai écrit dans plusieurs autres endroits de ce volume, au sujet de<br />

la nutrition, de la génération, de la reproduction, et qui aura médité sur la puis­<br />

sance des moules intérieurs, adoptera sans peine cette possibilité d'une nouvelle<br />

nature dont je n'ai fait l'exposition que dans l'hypothèse de la destruction générale<br />

et subite de tous les êtres subsistants ; leur organisation détruite, leur vie éteinte,<br />

leurs corps décomposés, né seraient pour la nature que des formes anéanties, qui<br />

seraient bientôt remplacées par d'autres formes, puisque les masses générales de<br />

la matière vivante et de la matière brute sont et seront toujours les mêmes, puisque<br />

cette matière organique vivante survit à toute mort et ne perd jamais son mou­<br />

vement, son activité, ni sa puissance de modeler la matière brute et d'en former<br />

des moules intérieurs, c'est-à-dire des formes d'organisation capables de croître, de<br />

se développer et de se reproduire. Seulement on pourrait croire avec assez de fon­<br />

dement que la quantité de la matière brute, qui a toujours été immensément plus<br />

grande que celle de la matière vivante, augmente avec le temps, tandis qu'au con­<br />

traire la quantité delà matière vivante diminue et diminuera toujours de plus en<br />

plus, à mesure que la terre perdra, par refroidissement, les trésors de sa chaleur,<br />

qui sont en même temps ceux de sa fécondité et de toute vitalité.<br />

Car d'où peuvent venir primitivement ces molécules organiques vivantes? Nous<br />

ne connaissons dans la nature qu'un seul élément actif; les trois autres sont pure­<br />

ment passifs, et ne prennent de mouvement qu'autant que le premier leur en<br />

donne. Chaque atome de lumière ou de feu suffit pour agiter et pénétrer un ou<br />

plusieurs autres atomes d'air, de terre ou d'eau; et commeil se joint à la force im-

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