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880 DE L'HOMME.<br />

des idées distinctes de la forme des corps. Le toucher n'est qu'un contact de su­<br />

perficie. Qu'on suppute la superficie de la main et des cinq doigts, on la trouvera<br />

plus grande à proportion que celle de toute autre partie du corps, parce qu'il n'y<br />

en a aucune qui soit autant divisée: ainsi elle a d'abord l'avantage de pouvoir pré­<br />

senter aux corps étrangers plus de superficie. Ensuite les doigts peuvent s'étendre,<br />

se raccourcir, se plier, se séparer, se joindre et s'ajuster à toutes sortes de surfaces;<br />

autre avantage qui suffirait pour rendre cette partie l'organe de ce sentiment exact<br />

et précis qui est nécessaire pour nous donner l'idée de la forme des corps. Si la<br />

main avait encore un plus grand nombre de parties, qu'elle fût, par exemple, di­<br />

visée en vingt doigts, que ces doigts eussent un plus grand nombre d'articulations<br />

et de mouvements, il n'est pas douteux que le sentiment du toucher ne fût in­<br />

finiment plus parfait dans cette conformation qu'il ne l'est, parce que cette main<br />

pourrait alors s'appliquer beaucoup plus immédiatement et plus précisément sur<br />

les différentes surfaces des corps ; et si nous supposions qu'elle fût divisée en une<br />

infinité de parties toutes mobiles et flexibles, et qui pussent toutes s'appliquer en<br />

même temps sur tous les points de la surface des corps, un pareil organe serait<br />

une espèce de géométrie universelle (si je puis m'exprimer ainsi), par le secours<br />

de laquelle nous aurions, dans le moment même de l'attouchement, des idées<br />

exactes et précises de la figure de tous les corps, et de la différence, même infini­<br />

ment petite, de ces figures. Si au contraire la main était sans doigts, elle ne pourrait<br />

donner que des notions très-imparfaites de la forme des choses les plus palpables,<br />

et nous n'aurions qu'une connaissance très-confuse des objets qui nous environ­<br />

nent, ou du moins il nous faudrait beaucoup plus d'expérience et de temps pour<br />

les acquérir.<br />

Les animaux qui ont des mains paraissent être les plus spirituels : les singes<br />

font des choses si semblables aux actions mécaniques de l'homme, qu'il semble<br />

qu'elles aient pour cause la même suite de sensations corporelles. Tous les autres<br />

animaux qui sont privés de cet organe ne peuvent avoir aucune connaissance<br />

assez distincte de la forme des choses : comme ils no peuvent rien saisir, et qu'ils<br />

n'ont aucune partie assez divisée et assez flexible pour pouvoir s'ajuster sur la su­<br />

perficie des corps, ils n'ont certainement aucune notion précise de la forme non<br />

plus que de la grandeur de ces corps : c'est pour cela que nous les voyons souvent<br />

incertains ou effrayés à l'aspect des choses qu'ils devraient le mieux connaître, et<br />

qui leur sont les plus familières. Le principal organe de leur toucher est dans<br />

leur museau, parce que cette partie est divisée en deux par la bouche, et que la<br />

langue est une autre partie qui leur sert en même temps pour toucher les corps,<br />

qu'on leur voit tourner et retourner avant que de les saisir avec les dents. On peut<br />

aussi conjecturer que les animaux qui, comme les sèches, les polypes, et d'autres<br />

insectes, ont un grand nombre de bras ou de pattes qu'ils peuvent réunir et join­<br />

dre, et avec lesquels ils peuvent saisir par différents endroits les corps étrangers ;<br />

que ces animaux, dis-je, ont de l'avantage sur les autres, et qu'ils connaissent<br />

et choisissent beaucoup mieux les choses qui leur conviennent. Les poissons, donl

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