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318 DE L'HOMME.<br />

jours ? pourquoi laisser, avec indifférence, précipiter les funérailles des personnes<br />

même dont nous aurions ardemment désiré prolonger la vie? pourquoi cet usage, au<br />

changement duquel tous les hommes sont également intéressés, subsiste-t-il ? ne<br />

suffit-il pas qu'il y ait eu quelquefois de l'abus par les enterrements précipités pour<br />

nous engager à les différer et suivre les avis des sages médecins, qui nous disent<br />

« qu'il est incontestable que le corps est quelquefois tellement privé de toute fonc­<br />

tion vitale, et que le souffle de vie y est quelquefois tellement caché, qu'il ne paraît<br />

en rien différent de celui d'un mort; que la charité et la religion veulent qu'on<br />

détermine un temps suffisant pour attendre que la vie puisse, si elle subsiste en­<br />

core, se manifester par des signes; qu'autrement on s'expose à devenir homicide<br />

en enterrant des personnes_vivantes : or, disent-ils, c'est ce qui peut arriver, si l'on<br />

en croit la plus grande partie des auteurs, dans l'espace de trois jours naturels ou<br />

de soixante-douze heures ; mais si pendant ce temps, il ne paraît aucun signe de<br />

vie, et qu'au contraire les corps exhalent une odeur cadavéreuse, on a une preuve<br />

infaillible de la mort, et on peut les enterrer sans scrupules. »<br />

Nous parlerons ailleurs des usages des différents peuples au sujet des obsèques,<br />

des enterrements, des embaumements, etc. ; la plupart même de ceux qui sont<br />

sauvages font plus d'attention que nous à ces derniers instants; ils regardent<br />

comme le premier devoir ce qui n'est chez nous qu'une cérémonie ; ils respectent<br />

leurs morts, ils les habillent, ils leur parlent; ils récitent leurs exploits, louent<br />

leurs vertus : et nous, qui nous piquons d'être sensibles, nous ne sommes pas<br />

même humains, nous fuyons, nous les abandonnons, nous ne voulons pas les voir,<br />

nous n'avons ni le courage, ni la volonté d'en parler, nous évitons même de nous<br />

trouver dans les lieux qui peuvent nous en rappeler l'idée ; nous sommes irop in­<br />

différents ou trop faibles.<br />

Après avoir fait l'histoire de la vie et de la"mort par rapport à l'individu, considé­<br />

rons l'un et l'autre dans l'espèce entière. L'homme, comme l'on sait, meurt à tout<br />

âge ; et quojqu'en général on puisse dire que la durée de sa vie est plus longue que<br />

celle de la vie de presque tous les animaux, on ne peut pas nier qu'elle ne soit en<br />

même temps plus incertaine et plus variable. On a cherché dans ces derniers temps<br />

à connaître les degrés de ces variations, et à établir par des observations quelque<br />

chose de fixe sur la mortalité des hommes à différents âges ; si ces observations<br />

étaient assez exactes et assez multipliées, elles seraient d'une grande utilité pour<br />

la connaissance de la quantité d'un peuple, de sa multiplication, de la consomma­<br />

tion de denrées, de la répartition des impôts, etc. Plusieurs personnes habiles ont<br />

travaillé sur cette matière ; et en dernier lieu, M. Parcieux, de l'Académie des<br />

Sciences, nous a donné un excellent ouvrage qui servira de règle à l'avenir au sujet<br />

des tontines et des rentes viagères : mais comme son projet principal a été de calculer<br />

la mortalité des rentiers, et qu'en général les rentiers à vie sont des hommes d'élite<br />

dans un Etat, on ne peut pas en conclure pour la mortalité du genre humain en<br />

entier. Les tables qu'il a données dans le même ouvrage sur la mortalité dans les<br />

différents ordres religieux sont aussi très-curieuses; mais étant bornées à un cer-

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