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VARIÉTÉS DANS LA GÉNÉRATION. 173<br />

maux ne se réalisent, ne s'effectuent et ne parviennent à leur comble que lorsque<br />

nous ne les sentons plus.<br />

» J'ai vu depuis peu un cadavre qui se couvrit, bientôt après la mort, de petits<br />

vers blancs, ainsi qu'il est remarqué dans l'observation citée ci-dessus. J'ai eu lieu<br />

d'observer, en plusieurs circonstances, que la couleur, la figure, la forme de ces<br />

animalcules, varient suivant l'intensité et le genre des maladies.<br />

» C'est ainsi que les substances organisées se transforment et ont différentes ma­<br />

nières d'être, et que cette multitude infinie d'insectes concentrés dans l'intérieur<br />

de la terre et dans les endroits les plus infects et les plus ténébreux, sont évoqués,<br />

naissent et continuent à se repaître des débris et des dépouilles de l'humanité. L'u­<br />

nivers vit de lui-même, et tous les êtres, en périssant, ne font que rendre à la na­<br />

ture les parties organiques et nutritives qu'elle leur a prêtées pour exister : tandis<br />

que notre âme, du centre de la corruption, s'élance au sein de la Divinité, notre<br />

corps porte encore après la mort l'empreinte et les marques de ses vices et de ses<br />

dépravations ; et pour finir enfin par concilier la saine philosophie avec la religion,<br />

nous pouvons dire que jusqu'aux plus sublimes découvertes de la physique tout<br />

nous ramène à notre néant. »<br />

Je ne puis qu'approuver ces raisonnements de M. Moublet, pleins de discerne­<br />

ment et de sagacité ; il a très-bien saisi les principaux points de mon système sur<br />

la reproduction, et je regarde son observation comme une des plus curieuses qui<br />

aient été faites sur la génération spontanée (1). Plus on observera la nature de près,<br />

(1) On peut voir plusieurs exemples de la génération spontanée de quelques insectes dans différentes parties du<br />

corps humain, en consultant les ouvrages de M. Andry, et de quelques autres observateurs qui se sont efforcés<br />

sans succès de les rapporter à des espèces connues, et qui tâchaient d'expliquer leur génération, en supposant que<br />

les œufs de ces insectes avaient été respirés ou avalés par les personnes dans lesquelles ils se sont trouvés :<br />

mais cette opinion, fondée sur le préjugé que tout être vivant ne peutvenir que d'un œuf,se trouve démentie par<br />

les faits même que rapportent ces observateurs. Il est impossible que des œufs d'insectes, respirés ou avalés, arriventdans<br />

le foie,dans les veines,dansles sinus,etc.; et d'ailleurs plusieurs deces insectes trouvés dans l'intérieur<br />

du corps de l'homme et des animaux, n'ont que peu ou point de rapport avec les autres insectes, et doivent, sans<br />

contredit, leur origine et leur naissance à une génération spontanée. Nous citerons ici deux exemples récents : le<br />

premier de M. le président H...., qui a rendu par les urines un petit crustacé assez semblable à une crevette ou<br />

chevrette de mer, mais qui n'avait que trois lignes ou trois lignes et demie de longueur. Monsieur son fils a eu la<br />

bonté de me faire voir cet insecte, qui n'était pas le seul de cette espèce que M. son père avait rendu par les<br />

urines, et précédemment il avait rendu par le nez, dans un violent élernument, une espèce de chenille qu'on n'a<br />

pas conservée, et que je n'ai pu voir.<br />

Un autre exemple est celui d'une demoiselle du Mans, dont M. Vétillard, médecin de cette ville, m'a envoyé le<br />

détail par sa lettre du 6 juillet 1771, dont voici l'extrait:<br />

Mademoiselle Cabaret, demeurant au Mans, paroisse Notre-Dame de La Couture, âgée de trente et quelques<br />

années, était malade depuis environ trois ans, et au troisième degré, d'une phthisie pulmonaire, pour laquelle je<br />

lui avais fait prendre le lait d'ànesse le printemps et l'automne 4759. Je l'ai gouvernée en conséquence depuis ce<br />

temps.<br />

» Le 8 juin dernier, sur les onze heures du soir, la malade, après de violents efforts occasionnés (disait-elle)<br />

par un chatouillement vif et extraordinaire au creux de l'estomac, rejeta une partie de rôtie au sucre qu'elle avait<br />

prise dans l'après-dlnée. Quatre personnes présentes alors avec des lumières pour secourir la malade, qui croyait<br />

être à sa dernière heure, aperçurent quelque chose remuer autour d'une parcelle de pain sortant de la bouche<br />

de la malade ; c'était un insecte qui, par le moyen d'un grand nombre de pattes, cherchait à se détacher du petit<br />

morceau de pain qu'il entourait en forme de cercle. Dans l'instant les efforts cessèrent, et la malade se trouva soulagée<br />

; elle réunit son attention à la curiosité et à l'étonnement des quatre spectatrices qui reconnaissaient à cet<br />

insecte la figure d'une chenille : elles la ramassèrent dans un cornet de papier qu'elles laissèrent dans la chambre<br />

de la malade. Le lendemain, à cinq heures du matin, elles me firent avertir de ce phénomène, que j'allai aus-

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