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VARIÉTÉS DANS L'ESPÈCE HUMAINE. 4*3<br />

continuellement, puisque Ton a remarqué que les enfants de ces sauvages qu'on a<br />

élevés parmi les Européens, et qui ne se frottaient jamais de ces couleurs, ne lais­<br />

saient pas d'être basanés et olivâtres comme leurs pères et mères. Tous ces sau­<br />

vages ont l'air rêveur, quoiqu'ils ne pensent à rien; ils ont aussi le visage triste et<br />

ils paraissent être mélancoliques. Ils sont naturellement doux et compatissants,<br />

quoique très-cruels à leurs ennemis. Ils prennent assez indifféremment pour<br />

femmes leurs parentes ou des étrangères : leurs cousines germaines leur appartien­<br />

nent de droit ; et on en a vu plusieurs qui avaient en même temps les deux sœurs,<br />

ou la mère et la fille, et même leur propre fille. Ceux qui ont plusieurs femmes les<br />

voient tour à tour chacune pendant un mois, ou un nombre de jours égal, et cela<br />

suffit pour que ces femmes n'aient aucune jalousie. Ils pardonnent assez volontiers<br />

l'adultère à leurs femmes, mais jamais à celui qui les a débauchées. Ils se nour­<br />

rissent de burgaux, de crabes, de tortues, de lézards, de serpents et de poissons,<br />

qu'ils assaisonnent avec du piment et de la farine de manioc. Comme ils sont<br />

extrêmement paresseux et accoutumés à la plus grande indépendance, ils détes­<br />

tent la servitude, et on n'a jamais pu s'en servir comme on se sert des Nègres : il<br />

n'y a rien qu'ils ne soient capables de faire pour se remettre en liberté; et lorsqu'ils<br />

voient que cela leur est impossible, ils aiment mieux se laisser mourir de faim et<br />

de mélancolie que de vivre pour travailler. On s'est quelquefois servi des Arrouages,<br />

qui sont plus doux que les Caraïbes; mais ce n'est que pour la chasse et pour la<br />

pêche, exercices qu'ils aiment, et auxquels ils sont accoutumés dans leur pays ; et<br />

encore faut-il, si l'on veut conserver ces esclaves sauvages, les traiter avec autant de<br />

douceur au moins que nous traitons nos domestiques en France, sans cela ils s'en­<br />

fuient ou périssent de mélancolie. Il en est à peu près de même des esclaves bré­<br />

siliens, quoique ce soient de tous les sauvages ceux qui paraissent être les moins<br />

stupides, les moins mélancoliques et les moins paresseux ; cependant on peut, en,<br />

les traitant avec bonté, les engager à tout faire, si ce n'est de travailler à la<br />

terre, parce qu'ils s'imaginent que la culture de la terre est ce qui caractérise<br />

l'esclavage.<br />

Les femmes sauvages sont toutes plus petites que les hommes. Celles des Caraïbes<br />

sont grasses et assez bien faites ; elles ont les yeux et les cheveux noirs, le tour du<br />

visage rond, la bouche petite, les dents fort blanches, l'air plus gai, plus riant et<br />

plus ouvert que les hommes ; elles ont cependant de la modestie et sont assez réser­<br />

vées. Elles se barbouillent de rocou ; mais elles ne se font pas des raies noires sur le<br />

visage et sur le corps comme les hommes. Elles ne portent qu'un petit tablier de<br />

huit à dix pouces de largeur sur cinq à six pouces de hauteur : ce tablier est ordi­<br />

nairement de toile de coton couverte de petits grains de verre; ils ont cette toile et<br />

cette rassade des Européens, qui en font commerce avec eux. Ces femmes portent<br />

aussi plusieurs colliers de rassade, qui leur environnent le cou et descendent sur<br />

leur sein ; elles ont des bracelets de même espèce aux poignets et au-dessus des<br />

coudes, et des pendants d'oreilles de pierre bleue ou de grains de verre enfilés. Un<br />

dernier ornement qui leur est particulier, et que les hommes n v<br />

ont jamais, c'est

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