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DE LA PUBERTÉ. 267<br />

les habitants du Pégu et de l'Arabie Pêtrêe, et quelques autres nations de l'Asie,<br />

aussitôt que leurs filles sont nées, rapprochent par une sorte de couture les parties<br />

que la nature a séparées, et ne laissent libre que l'espace qui est nécessaire pour les<br />

écoulements naturels : les chairs adhèrent peu à peu, à mesure que l'enfant prend<br />

son accroissement, de sorte que l'on est obligé de les séparer par une incision, lors­<br />

que le temps du mariage est arrivé. On dit qu'ils emploient pour cette infibulation<br />

des femmes un fil d'amiante, parce que cette matière n'est pas sujette à la corruption.<br />

Il y a certains peuples qui passent seulement un anneau. Les femmes sont soumises,<br />

comme les filles, à cetusage outrageant pour la vertu; on les force de même à por­<br />

ter un anneau : la seule différence est que celui des filles ne peut s'ôteret que celui<br />

des femmes a une espèce de serrure dont le mari seul a la clef. Mais pourquoi citer<br />

des nations barbares, lorsque nous avons de pareils exemples aussi près de nous ?<br />

La délicatesse dont quelques-uns de nos voisins se piquent sur la chasteté de<br />

leurs femmes est-elle autre chose qu'une jalousie brutale et criminelle ?<br />

Quel contraste dans les mœurs des différentes nations ! quelle contrariété dans<br />

leur façon de penser ! Après ce que nous venons de rapporter sur le cas que la plu­<br />

part des hommes font de la virginité, sur les précautions qu'ils prennent et sur les<br />

moyens honteux qu'ils se sont avisés d'employer pour s'en assurer, imaginerait-<br />

on que d'autres peuples la méprisent, et qu'ils regardent comme un ouvrage servile<br />

la peine qu'il faut prendre pour l'ôter?<br />

La superstition a porté certains peuples à céder les prémices des vierges aux<br />

prêtres de leurs idoles, ou à en faire une espèce de sacrifice à l'idole même. Les<br />

prêtres du royaume de Cochin et de Calicut jouissent de ce droit, et chez les Cana­<br />

riens de Goa, les vierges sont prostituées, de gré ou de force, par leurs plus proches<br />

parents, à une idole de fer : la superstition aveugle de ces peuples leur fait com­<br />

mettre ces excès dans des vues de religion. Des vues purement humaines en ont<br />

engagé d'autres à livrer avec empressement leurs filles à leurs chefs, à leurs maî­<br />

tres, à leurs seigneurs : les habitants des îles Canaries, du royaume de Congo,<br />

prostituent leurs filles de cette façon sans qu'elles soient déshonorées. C'est à<br />

peu près la même chose en Turquie et en Perse, et dans plusieurs autres pays de<br />

l'Asie et de l'Afrique, où les plus grands seigneurs se trouvent trop honorés de rece­<br />

voir de la main de leur maître les femmes dont il s'est dégoûté.<br />

Au royaume d'Aracan et aux îles Philippines, un homme se croirait déshonoré<br />

s'il épousait une fille qui n'eût pas été déflorée par un autre ; et ce n'est qu'à prix<br />

d'argent que l'on peut engager quelqu'un à prévenir l'époux. Dans la province de<br />

Thibet, les mères cherchent des étrangers et les prient instamment de mettre leurs<br />

filles en état de trouver des maris. Les Lapons préfèrent aussi les filles qui ont eu<br />

commerce avec des étrangers : ils pensent qu'elles ont plus de mérite que les autres,<br />

puisqu'elles ont su plaire à des hommes qu'ils regardent comme plus connaisseurs<br />

et meilleurs juges de la beauté qu'ils ne le sont eux-mêmes. A Madagascar et dans<br />

quelques autres pays, les filles les plus libertines et les plus débauchées sont celles<br />

qui sont le plus tôt mariées. Nous pourrions donner plusieurs autres exemples de

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