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496 DE L'HOMME.<br />

robustes que les Européens. Nous savons par un témoignage respectable, par le<br />

célèbre Franklin, qu'en vingt-huit ans la population, sans secours étrangers, s'est<br />

doublée à Philadelphie. J'ai donc bien de la peine à me rendre à une espèce d'im­<br />

putation que M. Kalm fait à cette heureuse contrée : il dit qu'à Philadelphie on<br />

croirait que les hommes n'y sont pas de la même nature que les Européens.<br />

« Selon lui, leur corps et leur raison sont bien plus tôt formés ; aussi vieillissent-<br />

ils de meilleure heure. Il n'est pas rare d'y voir des enfants répondre avec tout le<br />

bon sens d'un âge mûr; mais il ne l'est pas moins d'y trouver des vieillards octo­<br />

génaires. Cette dernière observation ne porte que sur les colons ; car les anciens<br />

habitants parviennent à une extrême vieillesse, beaucoup moins pourtant depuis<br />

qu'ils boivent des liqueurs fortes. Les Européens y dégénèrent sensiblement. Dans<br />

la dernière guerre, l'on observa que les enfants des Européens nés en Amérique<br />

n'étaient pas en état de supporter les fatigues de la guerre et le changement de<br />

climat comme ceux qui avaient été élevés en Europe. Dès l'âge de trente ans les<br />

femmes cessent d'y être fécondes. »<br />

Dans un pays où les Européens multiplient si promptement, où la vie des natu­<br />

rels du pays est plus longue qu'ailleurs, il n'est guère possible que les hommes<br />

dégénèrent, et je crains que cette observation de M. Kalm ne soit aussi mal fondée<br />

que celle de ces serpents qui, selon lui, enchantent les écureuils et les obligent par<br />

la force du charme de venir tomber dans leur gueule.<br />

On n'a trouvé que des hommes forts et robustes en Canada et dans toutes les<br />

autres contrées de l'Amérique septentrionale : toutes les relations sont d'accord<br />

sur cela. Les Californiens, qui ont été découverts les derniers, sont bien faits et<br />

fort robustes ; ils sont plus basanés que les Mexicains, quoique sous un climat plus<br />

tempéré : mais cette différence provient de ce que les côtes de Californie sont plus<br />

basses que les parties montagneuses du Mexique, où les habitants ont d'ailleurs<br />

toutes les commodités de la vie qui manquent aux Californiens.<br />

Au nord de la presqu'île de Californie s'étendent de vastes terres découvertes<br />

par Drake en 1578, auxquelles il a donné le nom de Nouvelle-Albion ; et au delà deS<br />

terres découvertes par Drake, d'autres terres dans le même continent, dont les<br />

côtes ont été vues par Martin d'Aguilar en 1603. Cette région a été reconnue depuis<br />

en plusieurs endroits des côtes du 40° degré de latitude jusqu'au 6o e<br />

, c'est-à-dire à<br />

la même hauteur que les terres du Kamtschatka, par les capitaines Tschirikow et<br />

Behring. Ces voyageurs russes ont découvert plusieurs terres qui s'avancent au<br />

delà, vers la partie de l'Amérique qui nous est encore très-peu connue, M. Krache-<br />

ninnikow, professeur à Pétersbourg, dans sa description du Kamtschatka, impri­<br />

mée en 1749, rapporte les faits suivants :<br />

« Les habitants de la partie de l'Amérique la plus voisine du Kamtschatka sont<br />

aussi sauvages que les Koriaques ou les Tsuktschi. Leur stature est avantageuse :<br />

ils ont les épaules larges et rondes, les cheveux longs et noirs, les yeux aussi noirs<br />

que le jais, h s lèvres grosses, la barbe faible et le cou court. Leurs culottes et leurs<br />

bottes, qu'ils font de peaux de veaux marins, et leurs chapeaux faits de plantes,

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