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336 DE L'HOMME.<br />

Taillaient successivement à cette opération: le premier, que l'on appelait l'écrivain,<br />

marquait sur le côté gauche du corps l'endroit où on devait l'ouvrir; le coupeur<br />

faisait l'incision, et l'un de ceux qui devaient le saler tirait tous les viscères, excepté<br />

le cœur et les reins; un autre les lavait avec du vin de palme et des liqueurs odo­<br />

riférantes: ensuite on l'oignait pendant plus de trente jours avec de la gomme de<br />

cèdre, de la myrrhe, du cinnamome et d'autres parfums. Tous ces aromates con­<br />

servaient le corps dans son entier pendant très-longtemps et lui donnaient une<br />

odeur très-suave : il n'était défiguré en aucune manière par cette préparation,<br />

après laquelle on le rendait aux parents, qui le gardaient dans un cercueil posé<br />

debout contre une muraille.<br />

La plupart des auteurs modernes qui ont voulu parler des embaumements des<br />

anciens Égyptiens ont seulement répété ce qu'en a dit Hérodote ; s'ils ajoutent<br />

quelques faits ou quelques circonstances de plus, ils ne peuvent les donner que<br />

pour des probabilités. Dumont dit qu'il y a bien de l'apparence qu'il entrait dans<br />

l'aloès du bitume ou asphalte, et du cinnamome dans les drogues que l'on mettait<br />

à la place des entrailles des corps morts; il dit encore qu'après l'embaumement on<br />

enfermait ces corps dans des cercueils faits de bois de sycomore, qui est presque<br />

incorruptible. On trouve dans le Catalogue du cabinet de la Société royale de<br />

Londres, que M. Grew remarqua, dans une momie d'Egypte de ce cabinet, que la<br />

drogue dont on s'était servi pour l'embaumer avait pénétré jusqu'aux parties les<br />

plus dures, comme les os ; ce qui les avait rendus si noirs, qu'ils semblaient avoir<br />

été brûlés : cette observation lui fit croire que les Égyptiens avaient coutume<br />

d'embaumer les corps en les faisant cuire dans une chaudière pleine d'une espèce<br />

de baume liquide jusqu'à ce que toutes les parties aqueuses du corps fussent<br />

exhalées et que la substance huileuse et gommeuse du baume l'eût entièrement<br />

pénétré. M. Grew propose à cette occasion une façon d'embaumer les corps, en les<br />

faisant macérer et ensuite bouillir dans de l'huile de noix.<br />

Je crois qu'en effet il y aurait plusieurs moyens de préserver les cadavres de la<br />

pourriture, et qu'ils ne seraient pas de difficile exécution, puisque différents peu­<br />

ples les ont employés avec succès. On en a eu un exemple chez les Guanches, an­<br />

ciens peuples de l'île de Ténériffe : ceux qui furent épargnés par les Espagnols,<br />

lorsqu'ils firent la conquête de cette île, leur apprirent que l'art d'embaumer les<br />

corps était connu des Guanches, et qu'il y avait dans leur nation une tribu de<br />

prêtres qui en faisaient un secret, et même un mystère sacré. La plus grande partie<br />

de cette nation ayant été détruite par les Espagnols, on ne put avoir une entière<br />

connaissance de cet art ; on a seulement su par tradition une partie du procédé.<br />

Après avoir tiré les entrailles, ils lavaient le corps plusieurs fois de suite avec une<br />

lessive d'écorce de pin séchée au soleil pendant l'été, ou dans une étuve pendant<br />

l'hiver ; ensuite on l'oignait avec du beurre ou de la graisse d'ours que l'on avait<br />

fait bouillir avec des herbes odoriférantes, qui étaient des espèces de lavande, de<br />

sauge, etc. Après cette onction, on laissait sécher le corps, et on la réitérait autant<br />

de fois qu'il le fallait pour que le cadavre en fût entièrement pénétré. Lorsqu'il

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