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MOMIES. 837<br />

était devenu fort léger, c'était une preuve qu'il avait été bien préparé : alors on<br />

l'enveloppait dans des peaux de chèvres passées ; on y laissait même le poil lors­<br />

qu'on voulait épargner la dépense. Purchas dit qu'il a vu deux de ces momies à<br />

Londres, et il cite le chevalier Scory pour en avoir vu plusieurs à Ténériffe, qui<br />

existaient depuis plus de deux mille ans ; mais on n'a aucune preuve de cette anti­<br />

quité. Si les Guanches ont été originaires d'Afrique, ils auraient pu avoir appris des<br />

Egyptiens l'art des embaumements.<br />

Le Père Acosta et Garcilasso de la Vega n'ont pas douté que les Péruviens n'eus­<br />

sent connu l'art de conserver les corps pendant très-longtemps : ces deux auteurs<br />

assurent avoir vu ceux de quelques Incas et de quelques Marnas, qui étaient parfai­<br />

tement conservés ; ils avaient tous leurs cheveux et leurs sourcils; mais on leur<br />

avait mis des yeux d'or; ils étaient vêtus de leurs habits ordinaires, et assis à la<br />

façon des Indiens, les bras croisés sur l'estomac. Garcilasso toucha un doigt de la<br />

main, qui lui parut aussi dur que du bois ; le corps entier n'était pas assez pe­<br />

sant pour surcharger un homme faible qui aurait voulu le porter. Acosta présume<br />

que ces corps avaient été embaumés avec un bitume dont les Indiens connais­<br />

saient la propriété. Garcilasso dit qu'il ne s'était pas aperçu en les voyant qu'il y<br />

eût du bitume; mais il avoue qu'il ne les avait pas observés exactement, et il re­<br />

grette de ne pas s'être informé des moyens que l'on avait employés pour les con­<br />

server : il ajoute qu'étant Péruvien, les gens de sa nation ne lui auraient pas caché<br />

le secret, comme aux Espagnols, au cas que cet art eût encore été connu au Pérou.<br />

Garcilasso ne sachant rien de certain sur les embaumements des Péruviens, tâche<br />

d'en découvrir les moyens par quelques inductions : il prétend que l'air est si sec<br />

et si froid à Cusco, que la chair s'y dessèche comme du bois, sans se corrompre,<br />

et il croit que l'on faisait dessécher les corps dans la neige avant que d'y appliquer<br />

le bitume dont parle le P. Acosta; il ajoute que, du temps des Incas, on exposait<br />

à l'air les viandes qui étaient destinées pour les provisions de guerre, et que lors­<br />

qu'elles avaient perdu leur humidité, on pouvait les garder sans les saler et sans<br />

aucune autre préparation.<br />

On dit qu'au pays de Spitzberg, qui est à 79 et 80 degrés de latitude, et par consé­<br />

quent dans un climat extrêmement froid, il n'arrive presque aucune altération appa­<br />

rente aux cadavres qui sont ensevelis depuis trente ans; rien ne se pourrit ni ne se<br />

corrompt dans ce pays : les bois qui ont été employés pour bâtir les huttes où l'on<br />

fait cuire les graisses de baleine, paraissent aussi frais que lorsqu'ils ont été coupés.<br />

Si le grand froid préserve les cadavres de la corruption, comme on peut le voir<br />

par les faits que je viens de citer, il n'est pas moins certain que la sécheresse qui<br />

est causée par la grande chaleur fait aussi le même effet. On sait que les hommes<br />

et les animaux qui sont enterrés dans les sables de l'Arabie se dessèchent prompte­<br />

ment, et se conservent pendant plusieurs siècles, comme s'ils avaient été embau­<br />

més. Il est souvent arrivé que des caravanes entières ont péri dans les déserts de<br />

l'Arabie, soit par les vents brûlants qui s'y élèvent et qui raréfient l'air au point<br />

que les hommes ni les animaux ne peuvent plus respirer, soit par les sables que<br />

v. 43

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