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"6 ANIMAUX.<br />

espèce de mulet, comme ce mulet ne produirait rien, cela suffirait pour établir que<br />

le renard et le chien ne seraient pas de la même espèce, puisque nous avons sup­<br />

posé que, pour constituer une espèce, il fallait une production continue, perpé­<br />

tuelle, invariable, semblable, en un mot, à celle des autres animaux. Dans les<br />

plantes on n'a pas le même avantage : car quoiqu'on ait prétendu y reconnaître<br />

des sexes, et qu'on ait établi des divisions de genres par les parties de la féconda­<br />

tion, comme cela n'est ni aussi certain ni aussi apparent que dans les animaux, et<br />

que d'ailleurs la production des plantes se fait de plusieurs autres façons, où les<br />

sèves n'ont point de part et où les parties de la fécondation ne sont pas nécessaires,<br />

on n'a pu employer avec succès cette idée, et ce n'est que sur une analogie mal<br />

entendue qu'on a prétendu que cette méthode sexuelle devait nous faire distinguer<br />

toutes les espèces différentes de plantes. Mais nous renvoyons l'examen du fonde­<br />

ment de ce système à notre histoire des végétaux.<br />

Le nombre des espèces d'animaux est donc plus grand que celui des espèces de<br />

plantes ; mais il n'en est pas de même du nombre d'individus dans chaque espèce :<br />

dans les animaux, comme dans les plantes, le nombre d'individus est beaucoup<br />

plus grand dans le petit que dans le grand; l'espèce des mouehes est peut-être cent<br />

millions de fois plus nombreuse que celle de l'éléphant ; et de même, il y a en gé­<br />

néral beaucoup plus d'herbes que d'arbres, plus de chiendent que de chênes. Mais<br />

si l'on compare la quantité d'individus des animaux et des plantes, espèce à espèce,<br />

on verra que chaque espèce de plante est plus abondante que chaque espèce d'ani­<br />

mal : par exemple, les quadrupèdes ne produisent qu'un petit nombre de petits, et<br />

dans des intervalles de temps assez considérable ; les arbres, au contraire, produi­<br />

sent tous les ans une quantité d'arbres de leur espèce. On pourra me dire que ma<br />

comparaison n'est pas exacte, et que pour la rendre telle il faudrait pouvoir com­<br />

parer la quantité de graines que produit un arbre avec la quantité de germes que<br />

peut contenir la semence d'un animal, et que peut-être on trouverait alors que les<br />

animaux sont encore plus abondants en germes que les végétaux ; mais si l'on fait<br />

attention qu'il est possible en ramassant avec soin toutes les graines d'un arbre,<br />

par exemple, d'un orme, et en les semant, d'avoir une centaine de milliers de<br />

petits ormes de la production d'une seule année, on m'avouera aisément que quand<br />

on prendrait le même soin pour fournir à un cheval toutes les juments qu'il pour­<br />

rait saillir en un an, les résultats seraient fort différents dans la production de<br />

l'animal et dans celle du végétal. Je n'examine donc pas la quantité de germes :<br />

premièrement parce que dans les animaux nous ne la connaissons pas, et en second<br />

lieu, parce que dans les végétaux il y a peut-être de même des germes séminaux<br />

comme dans les animaux, et que la graine n'est point un germe, mais une pro­<br />

duction aussi parfaite que l'est le fœtus d'un animal, à laquelle, comme à celui-ci,<br />

il ne manque qu'un plus grand développement.<br />

On pourrait croire m'opposer ici la prodigieuse multiplication de certaines espèces<br />

d'insectes, comme celle des abeilles; chaque femelle produit trente ou quarante<br />

mille mouches. Mais il faut observer que je parle du général des animaux comparé

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