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308 DE L'HOMME.<br />

il semble que la chair commence à perdre de sa fraîcheur et de sa fermeté; et à<br />

mesure qu'on avance en âge, il paraît qu'elle devient toujours plus molle. Il faut<br />

faire attention que ce n'est pas de la chair, mais de la peau que cette apparence dé­<br />

pend : lorsque la peau est bien tendue, comme elle l'est en effet tant que les chairs<br />

et les autres parties prennent de l'augmentation de volume, la chair, quoique moins<br />

solide qu'elle ne doit le devenir, paraît ferme au toucher; cette fermeté commence<br />

à diminuer lorsque la graisse recouvre les chairs, parce que la graisse, surtout<br />

lorsqu'elle est trop abondante, forme une espèce de couche entre la chair et la<br />

peau : cette couche de graisse que recouvre la peau était beaucoup plus molle que<br />

la chair sur laquelle la peau portait auparavant, on s'aperçoit, au toucher, de cette<br />

différence, et la chair paraît avoir perdu de sa fermeté; la peau s'étend et croît à<br />

mesure que la graisse augmente, et ensuite, pour peu qu'elle diminue, la peau se<br />

plisse, et la chair paraît alors fade et molle au toucher. Ce n'est donc pas la chair<br />

elle-même qui se ramollit, mais c'est la peau dont elle est couverte qui, n'étant plus<br />

assez tendue, devient molle ; car la chair prend toujours plus de dureté à mesure<br />

qu'on avance en âge : on peut s'en assurer par la comparaison de la chair des<br />

jeunes animaux avec celle de ceux qui sont vieux; l'une est tendre et délicate, et<br />

l'autre est si sèche et si dure qu'on ne peut en manger.<br />

La peau peut toujours s'étendre tant que le volume du corps augmente : mais,<br />

lorsqu'il vient à diminuer - elle n'a pas tout le ressort qu'il faudrait pour se rétablir<br />

en entier dans son premier état ; il reste alors des rides et des plis qui ne s'effacent<br />

plus. Les rides du visage dépendent en partie de cette cause; mais il y a dans leur<br />

production une espèce d'ordre relatif à la forme, aux traits et aux mouvements<br />

habituels du visage. Si l'on examine bien le visage d'un homme de vingt-cinq ou<br />

trente ans, on pourra déjà y découvrir l'origine de toutes les rides qu'il aura dans<br />

sa vieillesse ; il ne faut pour cela que voir le visage dans un état de violente action<br />

comme celle du ris, des pleurs, ou seulement celle d'une forte grimace : tous les<br />

plis qui se formeront dans ces différentes actions seront un jour des rides ineffa­<br />

çables ; elles suivent en effet la disposition des muscles, et se gravent plus ou<br />

moins par 1 habitude plus ou moins répétée des mouvements qui en dépendent.<br />

A mesure qu'on avance en âge, les os, les cartilages, les membranes, la chair, la<br />

peau et toutes les fibres du corps, deviennent donc plus solides, plus dures, plus<br />

sèches; toutes les parties se retirent, se resserrent; tous les mouvements devien­<br />

nent plus lents, plus difficiles ; la circulation des fluides se fait avec moins de<br />

liberté; la transpiration diminue; les sécrétions s'altèrent; la digestion des ali­<br />

ments devient lente et laborieuse ; les sucs nourriciers sont moins abondants, et,<br />

ne pouvant être reçus dans la plupart des fibres devenues trop solides, ils ne servent<br />

plus à la nutrition : ces parties trop solides sont des parties déjà mortes, puis­<br />

qu'elles cessent de se nourrir. Le corps meurt donc peu à peu et par parties ; son<br />

mouvement diminue par degrés ; la vie s'éteint par nuances successives, et la mort<br />

n'est que le dernier terme de cette suite de degrés, la dernière nuance de la vie.<br />

Comme les os, les cartilages, les muscles et toutes les autres parties qui compo-

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