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Investir dans la diversité culturelle et le dialogue interculturel ...

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48 Partie i . La diVerSitÉ cuLtureLLe <strong>et</strong> SeS enJeuX<br />

Compétences inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong>s<br />

Le <strong>dialogue</strong> <strong>interculturel</strong> dépend <strong>dans</strong> une <strong>la</strong>rge mesure<br />

des compétences inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong>s. définies comme<br />

l’‘ensemb<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe de capacités nécessaires pour<br />

interagir efficacement <strong>et</strong> d’une manière appropriée<br />

avec ceux qui sont linguistiquement <strong>et</strong> <strong>culturel<strong>le</strong></strong>ment<br />

différents de soi’ (Fantini, 2007), ces capacités sont par<br />

nature essentiel<strong>le</strong>ment communicationnel<strong>le</strong>s, mais<br />

el<strong>le</strong>s supposent éga<strong>le</strong>ment une reconfiguration de nos<br />

perspectives <strong>et</strong> de nos conceptions du monde (voir<br />

encadré 2.3). el<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s moyens qui rendent possib<strong>le</strong><br />

de passer d’un ‘choc’ à une ‘alliance’ des civilisations.<br />

il existe diverses stratégies pour acquérir des<br />

compétences inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong>s <strong>et</strong> faciliter <strong>le</strong>s rencontres<br />

<strong>culturel<strong>le</strong></strong>s en vue de <strong>la</strong> promotion du <strong>dialogue</strong><br />

<strong>interculturel</strong> (Benn<strong>et</strong>t, 2009). un grand nombre de ces<br />

stratégies ont été formalisées par des équipes de gestion<br />

<strong>et</strong> de communication inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong>s à partir du vécu<br />

de travail<strong>le</strong>urs migrants <strong>et</strong> de <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s, qui ont dû<br />

s’adapter aux réalités de <strong>la</strong> vie <strong>dans</strong> <strong>et</strong>/ou entre deux<br />

cultures (uneSco, 1982 ; Hoffmann, 1989). Le but ultime<br />

serait que <strong>le</strong>s compétences inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong>s deviennent<br />

un élément indispensab<strong>le</strong> des programmes sco<strong>la</strong>ires<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre plus <strong>la</strong>rge d’une initiation à <strong>la</strong> culture (voir<br />

chapitre 4).<br />

Le moyen <strong>le</strong> plus évident de réduire <strong>le</strong>s conflits <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

préjugés entre <strong>le</strong>s groupes est d’accroître <strong>le</strong>s contacts<br />

entre <strong>le</strong>s membres de différents groupes, de manière<br />

à abattre <strong>le</strong>s frontières <strong>et</strong> à établir des ponts entre des<br />

communautés refermées sur el<strong>le</strong>s-mêmes, favorisant<br />

Encadré 2.3<br />

Les compétences inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong>s : principes fondamentaux<br />

<strong>dans</strong> une rencontre inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong>, <strong>le</strong>s compétences<br />

fondamenta<strong>le</strong>s sont notamment <strong>la</strong> capacité<br />

à écouter, à <strong>dialogue</strong>r <strong>et</strong> à s’émerveil<strong>le</strong>r :<br />

■ L’écoute est entendue ici comme <strong>le</strong> fait<br />

d’‘entrer en résonance avec un vécu’,<br />

comme c’est <strong>le</strong> cas pour l’‘observation<br />

participante’ requise de l’anthropologue<br />

pour <strong>le</strong>s études sur <strong>le</strong> terrain (Sperber, 1985).<br />

robert Vachon (1998) l’a exprimé ainsi :<br />

‘L’interculturalisme (…) consiste à faire<br />

l’expérience d’une autre culture, à accepter<br />

<strong>la</strong> vérité d’une autre culture. il perm<strong>et</strong> ainsi<br />

à l’autre culture <strong>et</strong> à sa vérité de me toucher<br />

directement, de me pénétrer, de me changer,<br />

de me transformer, non seu<strong>le</strong>ment <strong>dans</strong> mes<br />

réponses à une question, mais <strong>dans</strong> mes<br />

questions, mes présupposés, mes mythes<br />

mêmes. c’est donc <strong>la</strong> réunion en moi de deux<br />

convictions. Le lieu de c<strong>et</strong>te réunion est <strong>le</strong><br />

cœur (<strong>et</strong> non pas <strong>la</strong> tête), <strong>dans</strong> une synthèse<br />

personnel<strong>le</strong> qui peut être intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment plus<br />

ou moins parfaite. il n’y a pas de coexistence<br />

possib<strong>le</strong> sans une co-insistance, c’est-à-dire sans<br />

que chacune pénètre <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cœur de l’autre.<br />

il s’agit donc d’approcher l’autre de l’intérieur.<br />

c’est <strong>dans</strong> une écoute contemp<strong>la</strong>tive de l’autre<br />

que l’on commence à voir <strong>la</strong> possibilité, non<br />

seu<strong>le</strong>ment de solutions, mais de questions<br />

fondamenta<strong>le</strong>s radica<strong>le</strong>ment différentes’.<br />

■ Le <strong>dialogue</strong> naît de <strong>la</strong> résonance avec <strong>le</strong>s<br />

autres <strong>et</strong> avec nous-mêmes, qui nous fait<br />

prendre conscience de nos dimensions<br />

non exploitées, de potentialités autres que<br />

cel<strong>le</strong>s que nous avons développées (ce qui<br />

nous m<strong>et</strong> à l’aise, ou mal à l’aise) <strong>et</strong> nous fait<br />

engager un processus de ‘compréhension<br />

de l’intérieur’. comme l’a exprimé raimon<br />

Panikkar (1979), ‘je ne serai jamais capab<strong>le</strong> de<br />

rencontrer l’autre comme il se rencontre <strong>et</strong> se<br />

comprend lui-même si je ne <strong>le</strong> rencontre <strong>et</strong> ne<br />

<strong>le</strong> comprends pas en moi-même <strong>et</strong> comme<br />

moi-même. comprendre l’autre comme ‘autre’,<br />

c’est, pour <strong>le</strong> moins, ne pas <strong>le</strong> comprendre’.<br />

■ L’émerveil<strong>le</strong>ment est <strong>la</strong> capacité à être touché<br />

par <strong>la</strong> différence, un état d’esprit qui doit être<br />

entraîné en permanence, en particulier <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société de l’information où, paradoxa<strong>le</strong>ment,<br />

nous croyons que nous savons déjà tout (parce<br />

que nous savons que ce<strong>la</strong> existe ou que nous<br />

l’avons vu à <strong>la</strong> télévision ou <strong>dans</strong> <strong>le</strong> journal).<br />

L’émerveil<strong>le</strong>ment est une forme d’‘ouverture<br />

active’, <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> l’autre n’est pas simp<strong>le</strong>ment<br />

positionné sur une échel<strong>le</strong> de différences/<br />

ressemb<strong>la</strong>nces avec nous. trop souvent, nous<br />

ne parvenons pas à reconnaître l’originalité<br />

des autres <strong>et</strong> <strong>le</strong>s réduisons à une simp<strong>le</strong> image<br />

inversée de nous-mêmes, tombant <strong>dans</strong> <strong>le</strong> piège<br />

de l’essentialisme. Lorsque nous commençons à<br />

penser que nous avons acquis des compétences<br />

inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong>s, il est très vraisemb<strong>la</strong>b<strong>le</strong> que nous<br />

avons en réalité commencé à nous fermer à ce<br />

qui se produit réel<strong>le</strong>ment <strong>et</strong> que nous sommes<br />

en train de <strong>le</strong> ‘perdre’. L’interculturalité est une<br />

découverte permanente, un émerveil<strong>le</strong>ment<br />

perpétuel, <strong>la</strong> reconnaissance que l’autre n’est pas<br />

un vide à remplir, mais une plénitude à découvrir.<br />

La rencontre inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong> révè<strong>le</strong> donc notre propre<br />

enracinement, en même temps qu’el<strong>le</strong> dévoi<strong>le</strong><br />

celui de notre interlocuteur. il ne peut y avoir de<br />

compétence inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong> sans une compétence<br />

<strong>culturel<strong>le</strong></strong> qui nous perm<strong>et</strong>te de prendre conscience<br />

du lieu d’où nous parlons, de nos présupposés, de<br />

ce qui fait que notre point de vue est différent de<br />

celui de l’autre. c’est donc par une distance critique<br />

par rapport à soi-même que l’on peut s’ouvrir pour<br />

rencontrer l’autre. La rencontre inter<strong>culturel<strong>le</strong></strong><br />

consiste en grande partie à surmonter ses<br />

propres résistances, à prendre conscience de son<br />

<strong>et</strong>hnocentrisme, voire de son racisme, <strong>et</strong> à entrevoir<br />

<strong>la</strong> possibilité de choix existentiels radica<strong>le</strong>ment<br />

différents. ce n’est qu’après avoir dépassé <strong>le</strong> premier<br />

choc culturel que l’on commence à comprendre<br />

une autre culture <strong>et</strong> que commence à surgir une<br />

image plus comp<strong>le</strong>xe de l’autre <strong>et</strong> de soi-même.<br />

Source : Eberhard, 2008.

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