16.10.2014 Views

Investir dans la diversité culturelle et le dialogue interculturel ...

Investir dans la diversité culturelle et le dialogue interculturel ...

Investir dans la diversité culturelle et le dialogue interculturel ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

LeS LangueS . 7 3<br />

3.1 La dynamique linguistique aujourd’hui<br />

Les linguistes jugent probab<strong>le</strong> <strong>la</strong> disparition au cours<br />

de ce sièc<strong>le</strong> d’une grande partie des <strong>la</strong>ngues du<br />

monde. il est diffici<strong>le</strong> de calcu<strong>le</strong>r avec précision <strong>et</strong> de<br />

façon indiscutab<strong>le</strong> <strong>le</strong> nombre des <strong>la</strong>ngues parlées<br />

aujourd’hui, mais <strong>le</strong>s inventaires établis par L’Ethnologue<br />

<strong>et</strong> Linguasphere proposent une fourch<strong>et</strong>te al<strong>la</strong>nt de 6 000<br />

à 8 000. La moitié de ces <strong>la</strong>ngues sont parlées par moins<br />

de 10 000 personnes, <strong>et</strong> on considère qu’il en disparaît<br />

une toutes <strong>le</strong>s deux semaines (crystal, 2000). Les chances<br />

de survie des <strong>la</strong>ngues parlées par des communautés<br />

de locuteurs peu nombreux ou économiquement<br />

défavorisés sont particulièrement faib<strong>le</strong>s. une étude<br />

a établi – en partant du postu<strong>la</strong>t que <strong>le</strong>s <strong>la</strong>ngues qui<br />

comptent moins de 150 locuteurs sont en grave danger<br />

d’extinction – que 600 <strong>la</strong>ngues du monde (soit 11,5 % du<br />

total) sont sur <strong>le</strong> point de disparaître. Si l’on situe <strong>le</strong> seuil<br />

de viabilité à 10 000 locuteurs, quelque 60 % des <strong>la</strong>ngues<br />

du monde seraient d’ores <strong>et</strong> déjà condamnées à moyen<br />

terme, mais si l’on p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> barre à 100 000 locuteurs, c’est<br />

plus de 80 % des <strong>la</strong>ngues actuel<strong>le</strong>s qui sont vouées à<br />

disparaître, dont <strong>la</strong> plupart des <strong>la</strong>ngues autochtones de<br />

l’australie <strong>et</strong> du Pacifique. enfin, si l’on fixe à 1 million de<br />

locuteurs <strong>le</strong> seuil de survie à moyen terme, c’est 95,2 %<br />

des <strong>la</strong>ngues existantes qui disparaîtront, y compris toutes<br />

<strong>le</strong>s <strong>la</strong>ngues autochtones d’amérique du nord, d’amérique<br />

centra<strong>le</strong>, d’australie, de nouvel<strong>le</strong>-guinée <strong>et</strong> du Pacifique,<br />

ainsi que <strong>la</strong> plupart de cel<strong>le</strong>s d’amérique du Sud (n<strong>et</strong>t<strong>le</strong>,<br />

1999).<br />

Si une <strong>la</strong>ngue est menacée, c’est souvent parce que ses<br />

locuteurs s’en détournent en faveur d’une autre <strong>la</strong>ngue<br />

en position dominante, en réponse à des pressions<br />

d’ordre politique, social, économique <strong>et</strong> culturel. une<br />

rupture <strong>dans</strong> <strong>la</strong> transmission intergénérationnel<strong>le</strong> d’une<br />

<strong>la</strong>ngue est assimi<strong>la</strong>b<strong>le</strong> à un échec de reproduction chez<br />

une espèce vivante (Krauss, 1992). Si <strong>la</strong> situation perdure<br />

de génération en génération, c’est <strong>la</strong> survie même de<br />

ces <strong>la</strong>ngues qui est en jeu (uneSco, groupe d’experts<br />

ad hoc sur <strong>le</strong>s <strong>la</strong>ngues en danger, 2003a), car une <strong>la</strong>ngue<br />

peut être considérée comme moribonde dès lors que<br />

<strong>la</strong> communauté qui <strong>la</strong> par<strong>le</strong> cesse de <strong>la</strong> transm<strong>et</strong>tre aux<br />

jeunes générations. Mais <strong>le</strong> seuil critique de survie d’une<br />

<strong>la</strong>ngue varie aussi en fonction des circonstances – par<br />

exemp<strong>le</strong>, une <strong>la</strong>ngue qui ne compte que 500 locuteurs<br />

sera peut-être menacée en afrique mais pas <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

Pacifique, où <strong>le</strong> contexte politique <strong>et</strong> social n’est pas<br />

du tout <strong>le</strong> même (grimes, 1995). en eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> survie<br />

d’une <strong>la</strong>ngue dépend de bien d’autres facteurs que du<br />

nombre des gens qui <strong>la</strong> par<strong>le</strong>nt (voir section 3.3). il faut<br />

aussi tenir compte de l’attitude de <strong>la</strong> communauté des<br />

Chapitre 3<br />

Les <strong>la</strong>ngues<br />

Carte 3.1 : At<strong>la</strong>s des <strong>la</strong>ngues vivantes du monde selon L’Ethnologue<br />

Les pays <strong>et</strong> territoires ont été redimensionnés en fonction du nombre des <strong>la</strong>ngues autochtones vivantes recensées par L’Ethnologue.<br />

Source : L’Ethnologue, 2005 ; worldmapper.org

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!