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Genese de la cuisine..

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« Ce n’est pas pour nous que le four chauffe ».<br />

Recueil <strong>de</strong>s plus illustres<br />

proverbes, mis en lumière<br />

par Jacques Lagniet.<br />

104 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise<br />

montagne, <strong>la</strong> nourriture est exclusivement<br />

composée <strong>de</strong> pain noir, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong>it coupé, <strong>de</strong> fromage et <strong>de</strong> légumes<br />

182 . » Nous n’avons qu’une faible<br />

idée du sort réservé aux paysans<br />

d’Europe par les c<strong>la</strong>sses supérieures.<br />

Un dicton cynique court à cette<br />

époque : « Le Noble est l’araignée, et<br />

le Paysan, <strong>la</strong> mouche. »<br />

La Bruyère décrit <strong>la</strong> situation<br />

misérable <strong>de</strong>s paysans dans un<br />

portrait saisissant <strong>de</strong>meuré célèbre<br />

: « L’on voit certains animaux<br />

farouches, <strong>de</strong>s mâles et <strong>de</strong>s femelles,<br />

répandus dans <strong>la</strong> campagne,<br />

noirs, livi<strong>de</strong>s, et tout brûlés <strong>de</strong> soleil,<br />

attachés à <strong>la</strong> terre qu’ils fouillent<br />

et qu’ils remuent avec une opiniâtreté<br />

invincible ; ils ont une voix<br />

articulée, et quand ils se lèvent<br />

sur leurs pieds, ils montrent face humaine, et en effet, ils sont <strong>de</strong>s hommes.<br />

Ils se retirent <strong>la</strong> nuit dans <strong>de</strong>s tanières où ils vivent <strong>de</strong> pain noir et <strong>de</strong> racines ;<br />

ils épargnent aux autres hommes <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> semer, <strong>de</strong> <strong>la</strong>bourer et <strong>de</strong> recueillir<br />

pour vivre, et méritent aussi <strong>de</strong> ne pas manquer <strong>de</strong> ce pain qu’ils ont semé 183 . »<br />

Entre 1693 et 1694, <strong>la</strong> famine est telle que trois millions <strong>de</strong> Français décè<strong>de</strong>nt.<br />

Des dizaines <strong>de</strong> milliers d’indigents se réfugient à Paris. L’Hôtel-Dieu soigne<br />

35 000 personnes. Près <strong>de</strong> 6 000 cadavres sont ensevelis dans une fosse commune<br />

au cimetière <strong>de</strong>s Saints-Innocents. Les bou<strong>la</strong>ngers doivent être protégés par <strong>la</strong><br />

police. De là, l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> barreaux aux fenêtres <strong>de</strong>s bou<strong>la</strong>ngeries.<br />

Ailleurs en Europe, <strong>la</strong> condition <strong>de</strong>s ouvriers et <strong>de</strong>s paysans est tout aussi<br />

déplorable : « L’ouvrier vit dans <strong>la</strong> misère avec sa famille, ava<strong>la</strong>nt du pain <strong>de</strong><br />

seigle mé<strong>la</strong>ngé <strong>de</strong> sarrasin, ce qui rend le pain aigre, gluant, très noir, dur et <strong>de</strong><br />

mauvais goût ; avec ce<strong>la</strong> un peu <strong>de</strong> beurre, qu’en f<strong>la</strong>mand on appelle « boter » du<br />

<strong>la</strong>tin « butirium » fondu et salé ; <strong>la</strong> plupart du temps ils se contentent <strong>de</strong> petit <strong>la</strong>it<br />

restant qu’on appelle « botermelk » ce qui veut dire <strong>la</strong>it sans beurre ; après ce repas

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