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Genese de la cuisine..

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et <strong>la</strong> gastronomie n’y échappe pas. Avec les gran<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pauvreté et <strong>de</strong><br />

privation, <strong>la</strong> table québécoise perdra beaucoup <strong>de</strong> son originalité et <strong>de</strong> sa finesse<br />

jusqu’à sa récente renaissance 92 », écrit l’historien québécois Jacques Lacoursière.<br />

Les évolutions culinaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance et celles <strong>de</strong> 1650, qui avaient façonnées<br />

notre ordinaire, sont abandonnées.<br />

Le menu ang<strong>la</strong>is était et est encore celui du haut Moyen Âge. On y retrouve les<br />

puddings <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s à <strong>la</strong> texture spongieuse et le mincemeat qu’ils affectionnent<br />

tout particulièrement, par patriotisme 93 . Les rock cakes « dont un auteur nous dit,<br />

p<strong>la</strong>isamment, qu’ils constituent un “tribut au stoïcisme <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is” et que leur<br />

principal mérite est <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> combat aux écoliers 94 ». Les cakes au<br />

safran, le b<strong>la</strong>ck bun, un gâteau épicé au poivre coloré à <strong>la</strong> suie <strong>de</strong> cheminée, le hotpot<br />

avec huîtres, les pâtés d’anguilles, les têtes <strong>de</strong> morues, les pois à <strong>la</strong> menthe, le<br />

steak and kidney pie, le pork and apple pie et les mince pies.<br />

Le terme pâté à <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> a survécu grâce à <strong>la</strong> persévérance <strong>de</strong>s habitants du<br />

Saguenay—Lac-Saint-Jean. La tourtière s’est retrouvée orpheline <strong>de</strong> sens, d’où <strong>la</strong><br />

confusion entre le pâté à <strong>la</strong> vian<strong>de</strong>, <strong>la</strong> tourtière et le six-pâtes entre les différentes<br />

régions du Québec. Plusieurs tartes et pâtés sont remis à l’ordre du jour, car on<br />

avait é<strong>la</strong>gué dans le répertoire <strong>de</strong>s pâtés en croûte vers 1650. Les dumplings, ces<br />

vestiges du xi e siècle si chers aux cockneys <strong>de</strong> Londres, sont apparus. Ce genre<br />

<strong>de</strong> quenelle était déjà connu dans certaines régions du Québec sous le nom <strong>de</strong><br />

grands-pères : <strong>de</strong>s quenelles pochées à <strong>la</strong> farine et aux œufs que l’on ajoutait au<br />

ragoût. Grand-père est <strong>la</strong> mutation <strong>de</strong> crampi, mot originaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Franche-Comté<br />

qui veut dire beignet 95 . Dans <strong>la</strong> revue Paysana <strong>de</strong> mars 1945, une lectrice s’inquiète<br />

<strong>de</strong> savoir si on peut s’en abstenir : « Ma mère faisait toujours son ragoût <strong>de</strong> pieds <strong>de</strong><br />

porc en lui ajoutant <strong>de</strong>s « espèces <strong>de</strong> grands-pères », boulettes <strong>de</strong> pâtes qui étaient<br />

délicieuses. Mais mon mari ne peut digérer ces « poudingues » et je voudrais<br />

pouvoir faire du ragoût <strong>de</strong> pattes sans ce<strong>la</strong> : est-ce possible ? Gaspésienne. » À<br />

l’origine, ils étaient salés. On faisait <strong>de</strong>s grands-pères dans le ragoût. Les grandspères<br />

sucrés apparaîtront sous l’influence ang<strong>la</strong>ise.<br />

La terminologie change. Le stew remp<strong>la</strong>ce le ragoût. L’orge abdique au profit du<br />

barley. Le rôti <strong>de</strong> bœuf à <strong>la</strong> broche, p<strong>la</strong>t favori du Moyen Âge, cè<strong>de</strong> au roast beef<br />

qui prend sa p<strong>la</strong>ce sur le trône, escorté « <strong>de</strong>s patates tant honnies 96 ». Notons que<br />

« les Ang<strong>la</strong>is commencent à apprécier « the <strong>de</strong>licious odor of roast beef » en 1635 97 .<br />

Le rutabaga occulte le navet b<strong>la</strong>nc. Les puddings s’installent en compagnie du<br />

thé, le must du goût ang<strong>la</strong>is. La sariette revient à l’avant-scène accompagnée du<br />

Le passé <strong>de</strong> l’ordinaire<br />

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