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Genese de la cuisine..

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Goûts communs<br />

François-Xavier <strong>de</strong> Charlevoix affirmait en 1744 : « La plupart étaient Gentilshommes<br />

; aussi <strong>la</strong> Nouvelle-France a-t-elle plus <strong>de</strong> Noblesse ancienne, qu’aucune<br />

autre <strong>de</strong> nos Colonies, & peut-être que toutes les autres ensembles 198 . » Tous ces<br />

gens avaient une influence directe sur <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> vivre, <strong>la</strong> fameuse « joie <strong>de</strong><br />

vivre » proverbiale, et par ricochet, sur l’art culinaire. Guy Frégault commente :<br />

« Titrée ou non, <strong>de</strong> petite noblesse ou <strong>de</strong> bonne bourgeoisie, <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse supérieure,<br />

enrichie par le commerce, donne le ton à <strong>la</strong> société canadienne. » Robert <strong>de</strong> Roquebrune<br />

explique : « La noblesse, surtout <strong>la</strong> noblesse <strong>de</strong> province, fut très appauvrie<br />

en France à dater du xvi e siècle : elle <strong>de</strong>vint misérable au xvii e siècle et au xviii e elle<br />

était miséreuse. Une cause économique fut <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> cet état <strong>la</strong>mentable. Les rentes<br />

seigneuriales étaient <strong>de</strong>meurées sans changement. Alors que les paysans s’enrichissaient,<br />

leurs seigneurs tombaient dans <strong>la</strong> misère. Les hoberaux (gentilhommes<br />

campagnards vivant sur leurs terres) crevaient <strong>de</strong> faim dans leurs manoirs pendant<br />

que les fermiers entassaient les écus 199 . » Le professeur d’histoire québécois C<strong>la</strong>u<strong>de</strong><br />

Ga<strong>la</strong>rneau poursuit : « Pour redorer son b<strong>la</strong>son et assurer <strong>la</strong> vie à ses <strong>de</strong>scendants,<br />

il est même forcé <strong>de</strong> marier ses fils et ses filles aux roturiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> banque, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> marchandise ou <strong>de</strong>s offices. Dans ces conditions, certains <strong>de</strong> ces nobles <strong>de</strong><br />

race besogneuse passent au Canada dans les armées <strong>de</strong> Louis XIV. Des terres à<br />

défricher, <strong>de</strong> beaux domaines à mettre en valeur en retiennent quelques centaines<br />

en Nouvelle-France puisque <strong>la</strong> terre <strong>de</strong>meure <strong>la</strong> richesse noble entre toutes 200 . »<br />

L’historienne française Dominique Michel rapporte : « Pour l’honnête homme<br />

français du xvii e siècle, qui se veut encore un homme <strong>de</strong> bien, c’est-à-dire un<br />

homme brave, courageux et guidé par l’honneur, il n’est pas nécessaire en effet<br />

d’être bien né 201 . » À <strong>la</strong> même époque, le grand auteur dramatique Pierre Corneille<br />

écrit : « Aux âmes bien nées, <strong>la</strong> valeur n’attend point le nombre <strong>de</strong>s années 202 . »<br />

Le journaliste Christian Guy ajoute : « À cette époque l’esprit <strong>de</strong> convivialité va<br />

gagner toutes les c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> <strong>la</strong> société française. Les réunions se multiplient dans<br />

toutes les c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> <strong>la</strong> société. Chacun tient à régaler ses amis, c’est le siècle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

conversation. » L’historien français Jean-Louis F<strong>la</strong>ndrin reconnaît cet idéal commun<br />

: « Les tables <strong>de</strong>s xvii e et xviii e siècles, comme les salons, ont mêlé <strong>de</strong>s nobles<br />

et <strong>de</strong>s roturiers, <strong>de</strong>s Crésus et <strong>de</strong>s hommes sans fortune. Ce que l’on recherchait<br />

surtout, c’était déjà, comme aujourd’hui, une communauté <strong>de</strong> culture, <strong>de</strong> manières<br />

et <strong>de</strong> goûts. De goûts en tous les domaines, y compris le goût alimentaire 203 . »<br />

Le passé français<br />

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