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Genese de la cuisine..

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Les hospitalières <strong>de</strong> St-Joseph, ordre où l’on fait vœu « <strong>de</strong> ne jamais manger<br />

<strong>de</strong> pain », possè<strong>de</strong>nt pourtant <strong>de</strong>s talents culinaires remarquables. Elles écrivent<br />

dans La diététique (1937) : « Les vian<strong>de</strong>s les plus communes, les ingrédients les<br />

plus simples étaient apprêtés avec tellement <strong>de</strong> soin qu’on se serait cru au pays <strong>de</strong><br />

Vatel. La mère <strong>de</strong> Brésoles surtout avait <strong>de</strong>s recettes inédites pour <strong>la</strong> confection<br />

<strong>de</strong>s potages : on n’en avait jamais mangé <strong>de</strong> pareils. Tout ce qu’elle avait acquis <strong>de</strong><br />

connaissances chimiques et botaniques était précisément utilisé pour aiguiser<br />

l’appétit <strong>de</strong>s pauvres infirmes et leur préparer <strong>de</strong>s remè<strong>de</strong>s aussi opportuns qu’efficaces.<br />

Tout ce qui sortait <strong>de</strong> ses mains en cette espèce, déc<strong>la</strong>re sœur Morin, avait<br />

un goût d’excellence qui n’avait rien <strong>de</strong> commun au jugement <strong>de</strong>s plus délicats et<br />

personnes <strong>de</strong> distinction, avec si peu <strong>de</strong> choses qu’on ne le pouvait croire. Auraitelle<br />

<strong>la</strong>issé ses formules ? Non, elles étaient toutes dans son cœur et dans sa charité :<br />

les mères ont <strong>de</strong> ces secrets. Au noviciat <strong>de</strong> La Flèche, sœur <strong>de</strong> Brésoles profita si<br />

bien <strong>de</strong>s leçons d’un maître chimiste, qu’elle passait pour plus habile que lui dans<br />

cet art. Il lui enseigna le secret <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s esprits, les essences et autres choses<br />

les plus difficiles <strong>de</strong> <strong>la</strong> pharmacie chez notre docte religieuse. La pharmacienne se<br />

doub<strong>la</strong>it d’une diététicienne versée en chimie alimentaire 2 . »<br />

Un ancien proverbe dit : « Seuls les mères et les alchimistes savent <strong>cuisine</strong>r. »<br />

La prière et le travail font partie <strong>de</strong> leur aposto<strong>la</strong>t : c’est le <strong>la</strong>b-oratoire, lieu <strong>de</strong><br />

travail et <strong>de</strong> prière. La science officielle est encore à venir. Sœur <strong>de</strong> Brésoles est<br />

une alchimiste talentueuse, doublée d’une cuisinière dépareillée.<br />

À <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> son troisième et <strong>de</strong>rnier mandat à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> sa communauté, Marie<br />

<strong>de</strong> l’Incarnation est affectée aux <strong>cuisine</strong>s. André Hus écrit : « Quelle bénédiction<br />

pour <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> ! Marie va accomplir cette tâche avec autant <strong>de</strong> perfection qu’elle a<br />

<strong>de</strong> dévotion dans <strong>la</strong> prière 3 . » « Après <strong>la</strong> grand’messe, quand c’était un dimanche,<br />

M. De Chome<strong>de</strong>y, accompagné <strong>de</strong> ses lieutenants, passait directement <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle,<br />

<strong>de</strong>venue église paroissiale, à <strong>la</strong> salle Saint-Joseph par <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> communication.<br />

La Mère Judith Moreau <strong>de</strong> Brésoles n’avait pas <strong>la</strong>issé ses talents enfouis ce jour<br />

là. Pas plus que Jeanne Mance, elle n’était embarrassée pour recevoir les notables<br />

<strong>de</strong> l’endroit. Elle n’avait, du reste, qu’à se rappeler le luxe du château <strong>de</strong> Blois et le<br />

grand train <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> sa jeunesse. Devenue humble moniale en pays sauvage, tous<br />

les regards se tournaient <strong>de</strong> son côté lorsqu’elle apparaissait avec un pâté farci <strong>de</strong><br />

pigeonneaux si succulents, qu’ils faisaient oublier les orto<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> France. Quant<br />

à l’administratrice <strong>de</strong> l’Hôtel-Dieu, n’avait-elle pas fréquenté chez madame <strong>la</strong><br />

Chancellière, madame <strong>de</strong> Villesavin, madame <strong>de</strong> Bullion et <strong>la</strong> princesse <strong>de</strong> Condé ?<br />

258 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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