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Genese de la cuisine..

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lées, il est difficile d’empêcher le porridge d’« attacher » et <strong>de</strong> prendre un goût<br />

désagréable. »<br />

Autrefois, les Ang<strong>la</strong>is consommaient un porridge <strong>de</strong> froment (cream of wheat)<br />

au grand scandale <strong>de</strong>s Écossais qui préféraient celui d’avoine : « À l’Ang<strong>la</strong>is qui<br />

lui disait que le porridge (écossais) est, en Angleterre, <strong>la</strong> nourriture <strong>de</strong>s chevaux,<br />

l’Écossais ne manqua pas <strong>de</strong> répondre qu’en effet l’Angleterre est réputée pour <strong>la</strong><br />

valeur <strong>de</strong> ses chevaux et l’Écosse pour celle <strong>de</strong> ses hommes 58 . »<br />

Notons que porridge est l’altération du vieux mot français pottage.<br />

Différences<br />

Les Smith ne sont pas comme les Dupont : pour ceux-là, manger est une punition<br />

divine. Ils se mortifient en mangeant mal : « Tu ne goûteras point ! » Pour les<br />

Dupont, par contre, manger est une récompense divine : « Soit que vous mangiez,<br />

soit que vous buviez, ou quelqu’autre chose que vous fassiez, faites tout pour <strong>la</strong><br />

plus gran<strong>de</strong> gloire <strong>de</strong> Dieu 59 . »<br />

Les Smith préfèrent le sel gemme au sel marin, détestent croquer dans un grain<br />

<strong>de</strong> poivre et récusent l’ail. Ils servent leur agneau avec une sauce à <strong>la</strong> menthe 60 ,<br />

mangent <strong>de</strong>s sandwichs à <strong>la</strong> din<strong>de</strong> avec un chutney et ajoutent <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> dans<br />

leurs potages, habitu<strong>de</strong> étrangère à <strong>la</strong> culture française. Ils consomment leurs<br />

pâtés en croûte froids. Contrairement aux Dupont, il est absolument impensable<br />

pour un Smith « décent » <strong>de</strong> mettre <strong>la</strong> main à <strong>la</strong> pâte. La collection <strong>de</strong> recettes et<br />

<strong>la</strong> préparation <strong>de</strong> boissons leur suffit. « Lorsque <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> fut dép<strong>la</strong>cée à <strong>la</strong> cave à<br />

<strong>la</strong> fin du xvi e siècle, celle-ci disparut très rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> maison. La <strong>cuisine</strong> n’étant désormais rien <strong>de</strong> plus qu’une salle <strong>de</strong> service, où<br />

l’on n’avait pratiquement pas <strong>de</strong> raison <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre, à l’exception <strong>de</strong> ceux qui y<br />

travail<strong>la</strong>ient 61 . »<br />

Notons que Louis XIV, bien avant John Montaigu, présumé inventeur du<br />

sandwich, mange <strong>de</strong>s « Petits pains fourrés au jambon et au bœuf salé » lors <strong>de</strong> ses<br />

expéditions <strong>de</strong> chasse et ses voyages tels ceux à Chambord 62 . Il en fait préparer<br />

aussi au petit gibier « piqués dans du pain ». Rien <strong>de</strong> nouveau. Cet usage est courant<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles chez les paysans travail<strong>la</strong>nt aux champs.<br />

Tallemant <strong>de</strong>s Réaux illustre bien l’accord à cette époque entre religion et<br />

gastronomie en France lorsqu’il parle <strong>de</strong> Madame De Sablé : « Ajoutez que <strong>de</strong>puis<br />

qu’elle est <strong>de</strong>venue dévote, c’est <strong>la</strong> plus frian<strong>de</strong> qui soit au mon<strong>de</strong> : elle prétend qu’il<br />

Le passé ang<strong>la</strong>is<br />

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