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Genese de la cuisine..

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Le potage Agnès Sorel sera encore à l’honneur au xvii e siècle. Il est toujours<br />

<strong>de</strong> mise aujourd’hui. Il fait partie du répertoire <strong>de</strong> L’Académie <strong>de</strong>s gastronomes <strong>de</strong><br />

France et est crémé, comme à l’origine. On consommait, lors du carême, le potage<br />

à <strong>la</strong> Reine en maigre avec brochetons, jus <strong>de</strong> pois, aman<strong>de</strong>s, crème et légumes. À<br />

partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance, il ne contient plus <strong>de</strong> pois, mais son jus en reste <strong>la</strong> base,<br />

comme pour plusieurs autres préparations. François Marin, auteur <strong>de</strong> les Dons <strong>de</strong><br />

Comus, écrit à Pois secs : « Ils servent à faire les bouillons maigres et les purées. »<br />

N’oublions pas, les légumineuses sont <strong>la</strong>issées aux paysans. Le professeur Serti<strong>la</strong>nges<br />

énumère les légumes convenables à une bonne table : « Certains légumes<br />

sont réputés assez élégants pour être présentés seuls dans un grand dîner : tels<br />

sont les épinards aux croûtons, les asperges en branches, les haricots verts sautés,<br />

les petits pois verts, <strong>la</strong> chicorée à <strong>la</strong> crème etc. Mais on ne pourrait servir dans un<br />

dîner élégant <strong>de</strong> douze à quinze convives ni carottes, ni haricots secs, ni choux <strong>de</strong><br />

Bruxelles, ni choux-fleurs, considérés comme trop vulgaires. »<br />

Dans Le cuisinier français <strong>de</strong> François-Pierre <strong>de</strong> La Varenne, se trouve un<br />

potage aux pois secs ou purée près du nôtre mais, raffinement additionnel, enrichi<br />

au beurre. Dans les pois sans cosse, <strong>de</strong>s pois frais sont accommodés au beurre et<br />

au <strong>la</strong>rd. Dans les pois en cosse entre <strong>de</strong>ux p<strong>la</strong>ts, ils sont cuits dans une tourtière<br />

avec beurre, ou moelle <strong>de</strong> bœuf ou <strong>la</strong>rd, sel, clou et bouillon.<br />

Dans pois passez, La Varenne les cuit après trempage. Il passe le potage, le<br />

fait mitonner avec un oignon piqué <strong>de</strong> clou, beurre et sel. Pierre <strong>de</strong> Lune propose<br />

lui aussi un potage d’échinée (dos <strong>de</strong> porc) aux pois cuits dans l’eau <strong>de</strong> rivière,<br />

passés à l’étamine avec bouillon, paquet, cerfeuil, persil, <strong>la</strong>rd, garnis <strong>de</strong> pain frit<br />

ou rouelles d’andouilles, verjus ou jus <strong>de</strong> mouton et dressés en pain mitonné. Les<br />

trois <strong>de</strong>rniers éléments relèvent <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> <strong>de</strong> cour et du goût <strong>de</strong> l’époque. Ce<br />

qui reste est <strong>la</strong> base <strong>de</strong> notre soupe aux pois. La garniture c<strong>la</strong>ssique À <strong>la</strong> Agnès<br />

Sorel comporte : vo<strong>la</strong>ille, champignon et <strong>la</strong>ngue écar<strong>la</strong>te.<br />

Une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> pois et <strong>de</strong> fèves était cultivé dans nos jardins. Pierre <strong>de</strong><br />

Lune, petit-fils <strong>de</strong> Sully, écuyer <strong>de</strong> bouche du duc <strong>de</strong> Rohan, dont un rameau s’est<br />

établi en Nouvelle-France, donne, dans Le cuisinier (1656), une recette <strong>de</strong> fèves au<br />

<strong>la</strong>rd et à <strong>la</strong> moelle, composée <strong>de</strong> fèves fraîches, d’un bouillon et <strong>de</strong> sarriette : voilà<br />

une variante très près <strong>de</strong> notre recette. Les fèves sont fraîches comme c’est l’usage<br />

aux bonnes tables. Désormais, on ne sert plus <strong>de</strong> légumes secs ou « venteux » aux<br />

invités. Lorsqu’ils sont en nouveauté, on les mange « à <strong>la</strong> croque-au-sel », mots<br />

apparus en 1718.<br />

348 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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