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Genese de la cuisine..

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s’ensuivre. L’Administration en fut réduite à p<strong>la</strong>cer les fontaines publiques<br />

sous <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> police et les ménagères purent enfin venir y puiser<br />

à leur aise. »<br />

Dans les rues <strong>de</strong> Paris, on entendra le cri <strong>de</strong>s porteurs d’eau jusqu’au xix e siècle :<br />

« Qui veut <strong>de</strong> l’eau ? À chacun duit, c’est un <strong>de</strong>s quatre éléments. » L’eau <strong>de</strong> Paris<br />

était réputée « boueuse et lour<strong>de</strong> et légèrement <strong>la</strong>xative ». L’eau que boit Louis XIV<br />

est puisée par ses officiers à Versailles à <strong>la</strong> source dite « <strong>de</strong>s Crapauds ». Dans les<br />

monastères, elle est réservée aux ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s et aux… poules !<br />

À bas les abats !<br />

Le Canadien jouit d’une nature généreuse, abondante et variée. À <strong>la</strong> suite d’une<br />

croisière sur le Saint-Laurent, Narcisse-Henri-Édouard Faucher <strong>de</strong> Saint-Maurice<br />

écrit : « J’ai nommé cette rivière « <strong>la</strong> rivière <strong>de</strong> Cocagne » parce que j’y trouvai tant<br />

<strong>de</strong> quoi y faire bonne chère pendant huit jours, que le mauvais temps m’obligea<br />

d’y <strong>de</strong>meurer, et tout mon mon<strong>de</strong> était tellement rassasié <strong>de</strong> gibier et <strong>de</strong> poisson<br />

qu’ils n’en vou<strong>la</strong>ient plus, soit d’outar<strong>de</strong>s, canards, sarcelles, pluviers, beccasses,<br />

beccassines, tourtes, <strong>la</strong>pins, perdrix, perdreaux, saumons, truites, maquereaux,<br />

éper<strong>la</strong>ns, huîtres et autres sortes 187 . »<br />

En Gaspésie, <strong>la</strong> morue salée était rarissime sur notre table car <strong>la</strong> morue fraîche<br />

abondait en tout temps. Les immenses flétans venaient <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte-Nord. Les<br />

pauvres mangeaient les ralingues <strong>de</strong> flétan, morceaux attenants aux nageoires. Les<br />

abats, abattis et pièces <strong>de</strong> second choix ne font pas partie <strong>de</strong> notre ordinaire. On<br />

leur préfère les pièces <strong>de</strong> premier choix, puisqu’on en dispose en quantité. Le Sieur<br />

<strong>de</strong> Dièreville observait que les Acadiens jettent les abats, pieds, têtes et queues<br />

<strong>de</strong> bœuf 188 . François Bail<strong>la</strong>irgé, au xix e siècle, se p<strong>la</strong>int <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>dresse d’une<br />

domestique inexpérimentée : « Puis chez moi qui adore les parties croquantes <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> tête <strong>de</strong> veau, une malheureuse en avait coupé et jeté les oreilles, et avait oublié<br />

d’en fendre ou en scier le crâne pour en extraire <strong>la</strong> cervelle et <strong>la</strong> bouillir dans<br />

une mousseline pour <strong>la</strong> mettre à <strong>la</strong> sauce. » Ce qui n’est guère surprenant. On<br />

ne se donnait pas <strong>la</strong> peine d’investir autant <strong>de</strong> temps dans leur transformation.<br />

La tête <strong>de</strong> veau était un mets <strong>de</strong> choix au Moyen Âge. Les yeux pris à <strong>la</strong> cuillère<br />

étaient offerts à <strong>la</strong> dame <strong>la</strong> plus digne <strong>de</strong> mériter cet honneur. Venaient ensuite les<br />

bajoues, les tempes et enfin <strong>la</strong> cervelle.<br />

106 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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