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Genese de la cuisine..

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feut inventeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> sauce Robert, tant salubre et nécessaire aux connilz rôtiz,<br />

canars, porcfrays, œufs pochés, merluz sallez, et mille autre telles vian<strong>de</strong>s 44 . »<br />

Menon réhabilitera le porc vers 1740 : « Le cochon est d’un goût fort agréable. On<br />

ne saurait travailler à <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> à son point sans en faire usage ; cependant j’en<br />

userai peu, parce que sa chair est nourrissante, difficile à digérer, et lâche le ventre.<br />

Comme tout sert dans le cochon, j’en ferai un petit abrégé, pour contenter ceux<br />

qui n’en craignent pas <strong>la</strong> nourriture 45 . » Dans Les soupers <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour, il apprête le<br />

cochon <strong>de</strong> <strong>la</strong>it en ga<strong>la</strong>ntine, au moine-b<strong>la</strong>nc, au père Douillet, en rou<strong>la</strong><strong>de</strong>s, à <strong>la</strong><br />

Béchamel, en paupiettes et en timbale.<br />

Il y a cependant quelques exceptions. Charles VII a goûté les pieds <strong>de</strong> cochon<br />

à <strong>la</strong> Sainte-Menehould, lieu <strong>de</strong> naissance <strong>de</strong> Dom Pérignon, lors <strong>de</strong> son passage<br />

dans cette ville en 1495. Il en réc<strong>la</strong>ma dès son retour au pa<strong>la</strong>is royal. Après avoir<br />

été fendus et pochés trois heures avec légumes et aromates, les pieds sont refroidis,<br />

panés et rôtis sur le gril. La version actuelle est attribuable à <strong>la</strong> cuisinière du<br />

Soleil d’or à Sainte-Menehould qui, en 1730, les oublia sur le feu. En les goûtant,<br />

elle eût <strong>la</strong> surprise <strong>de</strong> constater leur texture tellement moelleuse qu’on peut les<br />

manger à <strong>la</strong> cuillère, os compris. Ils sont cuits 40 heures. Furetière dit que les<br />

cuisiniers appellent les pieds <strong>de</strong> cochon qu’ils mettent en ragoût « bas <strong>de</strong> soie ».<br />

Jules Corblet écrit dans le Glossaire étymologique et comparatif du patois picard,<br />

ancien et mo<strong>de</strong>rne au mot « Monsieur : Cochon. De même en Normandie. Cette<br />

antiphrase, dit M. Du Méril, se retrouve dans le patois du Vendômois et du Berry,<br />

où cet animal est appelé un noble. Dans l’arrondissement <strong>de</strong> Cherbourg, on dit un<br />

monsieur <strong>de</strong> travaille et dans presque toute <strong>la</strong> Normandie, un vêtu <strong>de</strong> soie. C’est<br />

sans doute une allusion satirique faite par <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong>s travailleurs à <strong>la</strong> vie oisive<br />

<strong>de</strong>s gentilshommes et <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong>s villes. »<br />

Alexandre Dumas rapporte une anecdote pittoresque à ce sujet : « Lorsque le<br />

roi Louis XVI s’enfuit <strong>de</strong> Paris pour se faire arrêter à Varennes, dix brochures<br />

parurent pour exposer les causes <strong>de</strong> cette arrestation. Une entre autres <strong>de</strong> cet<br />

enfant terrible <strong>de</strong> <strong>la</strong> Révolution qu’on appe<strong>la</strong>it Camille Desmoulins insinue que<br />

le roi fugitif n’avait pu résister au désir <strong>de</strong> manger <strong>de</strong>s pieds <strong>de</strong> cochon à <strong>la</strong> Sainte-<br />

Menehould, ceci était un mensonge qui, dans <strong>la</strong> situation où il était fait, prenait<br />

les proportions d’une calomnie. » Pierre Pidoulx, dans son Grand cuisinier <strong>de</strong><br />

toute <strong>cuisine</strong> rédigé en 1560, donne une recette plus ancienne baptisée « pieds <strong>de</strong><br />

pourceaux », i<strong>de</strong>ntique à celle dite À <strong>la</strong> Sainte-Menehould sauf pour <strong>la</strong> panure, et<br />

il ajoute, ô horreur ! « Un peu <strong>de</strong> mercure » !<br />

46 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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