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Genese de la cuisine..

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mot resté vivant au Québec, désignait un petit panier tressé. Il s’agit d’un<br />

autre archaïsme. Benes, quand à lui, évoque bénisme : bien, benestance : bienêtre,<br />

bonheur, paix, béni. Et benastru : heureux, qui a un astre favorable<br />

(xii e s.). La binée était une petite auge pour donner à manger aux bœufs.<br />

On disait popu<strong>la</strong>irement « binos » pour testicules. Notre mot « bine » serait-il<br />

issu <strong>de</strong> cannebyne, peut-être courant avant 1760, ou a-t-il été adopté d’après<br />

l’ang<strong>la</strong>is bean, lui-même issu <strong>de</strong> l’allemand ? Ce qu’il faut retenir est que les<br />

canabenez, canabens, canebyns étaient composés <strong>de</strong> fèves et qu’aujourd’hui<br />

encore, on fait toujours <strong>de</strong>s fèves au <strong>la</strong>rd, mais cette fois, avec <strong>de</strong>s haricots !<br />

En Nouvelle-France, en Acadie et en France, on mangeait les fèves dans<br />

leur état naturel et parfois en sauce b<strong>la</strong>nche. Nous en avons trouvé dans nos<br />

livres <strong>de</strong> recettes. En Nouvelle-France, au repas du soir, on pouvait ajouter<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>la</strong>sse ou du sirop d’érable pour ai<strong>de</strong>r à combattre le froid mais, raffi<br />

nement additionnel, toujours à part : ce<strong>la</strong> permet une palette <strong>de</strong> variations<br />

délicates entre le salé et le sucré. Un goût hérité probablement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance<br />

lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation du sucré et du salé. Beaucoup abandonnent <strong>la</strong> version avec<br />

mé<strong>la</strong>sse après avoir goûté à l’originale une première fois. Jehane Benoît confi rme<br />

qu’autrefois on sortait le pot <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>sse au repas du soir pour accompagner les<br />

fèves au <strong>la</strong>rd. Elles étaient donc cuites sans mé<strong>la</strong>sse.<br />

Furetière écrit que <strong>la</strong> saugrenée est l’assaisonnement d’un mets avec eau et<br />

sel. « Il se dit particulièrement <strong>de</strong>s pois. Manger <strong>de</strong>s pois à <strong>la</strong> saugrenée, cuit à<br />

l’eau et au sel seulement. » La Sogrenuë <strong>de</strong> pois secs <strong>de</strong> La Varenne ressemble aux<br />

cannebines du Viandier. Sœur Marie-Édith dans Les secrets <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong>, note<br />

<strong>de</strong>ux versions <strong>de</strong> fèves au <strong>la</strong>rd. Celle avec mé<strong>la</strong>sse dite <strong>de</strong> Boston, et l’autre dite<br />

fèves au <strong>la</strong>rd à <strong>la</strong> canadienne, sans mé<strong>la</strong>sse. Elle le remp<strong>la</strong>ce par une cuillerée <strong>de</strong><br />

sucre b<strong>la</strong>nc. Métho<strong>de</strong> douteuse. Ici, elle cè<strong>de</strong> à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, mais précise bien qu’elles<br />

restent b<strong>la</strong>nches. Eugène Achard, dans Le royaume du Saguenay, écrit : « Quant<br />

aux fèves au <strong>la</strong>rd, les fameuses beans <strong>de</strong> chantier, elles ne fi rent leur apparition<br />

que vers 1860 ; avant, on ne savait pas les préparer. C’est un certain William<br />

Grant, cuisinier venu <strong>de</strong>s États-Unis, qui donna <strong>la</strong> recette selon <strong>la</strong>quelle elles sont<br />

assaissonnées encore aujourd’hui. »<br />

« On ne savait pas les préparer » est inexact : on ne les consommait pas ainsi<br />

que le font les Américains, c’est-à-dire cuites dans <strong>la</strong> mé<strong>la</strong>sse, voilà tout. On en<br />

mangeait, mais avec mé<strong>la</strong>sse à part. Une métho<strong>de</strong> ignorée du cuisinier et peut-être<br />

aussi un peu trop raffi née et compliquée pour un camp <strong>de</strong> bûcherons.<br />

350 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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