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Genese de la cuisine..

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Il se trouve trop <strong>de</strong> zones non documentées pour pouvoir suivre pas à pas<br />

notre évolution culinaire. L’auteur David Waines, spécialiste <strong>de</strong> l’art culinaire<br />

arabo-musulman, écrit : « Quant à <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>s mets, aux ingrédients<br />

précis, aux différences régionales et sociales dans l’alimentation, ils échappent<br />

à l’investigation mo<strong>de</strong>rne puisque <strong>la</strong> tradition (arabe) veut que les usages culinaires<br />

se transmettent oralement 3 . » Un phénomène également survenu dans<br />

notre culture. Le philosophe français Jean-François Revel affirme avec justesse :<br />

« Mais le difficile, en explorant le passé (et même le présent), c’est justement <strong>de</strong><br />

faire <strong>la</strong> différence entre <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> muette et <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> bavar<strong>de</strong> : celle qui existe<br />

dans les assiettes et celle qui n’existe que dans les chroniques gastronomiques. »<br />

Pour ce faire, il faut décrypter les anciens traités pour y déceler les traces <strong>de</strong> ces<br />

p<strong>la</strong>ts transmis lentement, <strong>de</strong> génération en génération, fidèlement, sans bruit. Il<br />

conclut : « C’est surtout cette <strong>de</strong>rnière <strong>cuisine</strong>, <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> moyenne, l’art gastronomique<br />

<strong>de</strong>s « profon<strong>de</strong>urs », qui fait qu’il y a <strong>de</strong>s pays où l’on « mange bien » et <strong>de</strong>s<br />

pays où « l’on mange mal ».<br />

L’ordinaire québécois remonte aussi loin que le xiv e siècle. Nous jouissons d’un<br />

menu dont disposait, il y a bien longtemps, rois et seigneurs <strong>de</strong> France. Les Picards<br />

y sont pour beaucoup dans sa conservation et sa transmission. Nos délicieux<br />

ragoûts sont « les petits ragoûts » <strong>de</strong> Louis XV. Marie-Antoinette dit un jour à<br />

Monsieur <strong>de</strong> Lowendal : « Je crois que ce ragoût est une fricassée <strong>de</strong> poulet. » Qui<br />

aurait cru qu’un jour ce menu <strong>de</strong>viendrait si connu et répandu ? Louis XIV buvait<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> racinette (root beer) et appréciait <strong>la</strong> liqueur d’anisette. Comme <strong>de</strong>s centaines<br />

<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> Québécois chaque semaine <strong>de</strong> nos jours, il préférait le poulet rôti<br />

à <strong>la</strong> broche. Aussi, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ts en sauce liés au roux, comme notre ragoût <strong>de</strong> boulettes.<br />

Il appréciait le jambon « fiché <strong>de</strong> clous <strong>de</strong> girofle sous <strong>la</strong> peau, parfumé <strong>de</strong><br />

cannelle et saupoudré <strong>de</strong> sucre », <strong>de</strong>s jambons comme nous les préparons encore<br />

aujourd’hui avec le sucre d’érable. Dindophile, il en instal<strong>la</strong> un élevage dans <strong>la</strong><br />

ménagerie <strong>de</strong> Versailles. Son fromage préféré était le brie, ce qui lui assura le<br />

succès aussitôt. Louis XIV appréciait également <strong>de</strong>s rôties au fromage, nos futurs<br />

croque-monsieurs, cuisinés avec le brie.<br />

François-Pierre <strong>de</strong> La Varenne consigne dans Le cuisinier françois (1651), les<br />

tartes au beurre <strong>de</strong>venues nos fameuses tartes et tartelettes au sucre, indispensables<br />

au temps <strong>de</strong>s fêtes. Ses « œufs à <strong>la</strong> Varenne » sont le premier baptême<br />

éponyme d’un p<strong>la</strong>t par un chef. Ce sont nos œufs dans le sirop, petit-déjeuner traditionnel<br />

<strong>de</strong> Pâques avec l’omelette au <strong>la</strong>rd. On y retrouve aussi « une tourte avec<br />

164 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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