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Genese de la cuisine..

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force coups <strong>de</strong> griffes, tout en faisant pattes <strong>de</strong> velours et s’appe<strong>la</strong>nt ma chère, ces<br />

tendres amies purent se déci<strong>de</strong>r à une séparation, en se promettant bien <strong>de</strong> se<br />

revoir le len<strong>de</strong>main, pour recommencer le même jeu 132 . »<br />

Vers 1763, le capitaine John Knox commandant <strong>de</strong> <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> à l’Hôpital général<br />

<strong>de</strong> Québec, est invité par <strong>la</strong> supérieure Charlotte <strong>de</strong> Ramezay, mère <strong>de</strong> St-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>,<br />

qui le trouve un peu trop encombrant à son goût, à un déjeuner ang<strong>la</strong>is. Elle lui<br />

précise qu’elle a pris soin, pour lui faire p<strong>la</strong>isir, <strong>de</strong> bien faire bouillir une <strong>de</strong>mipinte<br />

<strong>de</strong> thé dans <strong>la</strong> cafetière, et ce, pendant plusieurs heures… Ce <strong>de</strong>rnier s’excuse<br />

en prétextant que ce thé est « trop bon pour lui ». La religieuse lui confesse alors<br />

que ce n’est pas <strong>la</strong> coutume <strong>de</strong>s gens du pays que <strong>de</strong> prendre le thé : « D’habitu<strong>de</strong>,<br />

on n’en sert qu’aux gens ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s », répond-elle. Effectivement, on trouvera sa<br />

trace dans les menus <strong>de</strong>s patients <strong>de</strong> l’Hôtel-Dieu au xix e siècle.<br />

Philippe-Aubert <strong>de</strong> Gaspé décrit les réactions <strong>de</strong> sa famille lors <strong>de</strong> son introduction<br />

: « Les Anciens Canadiens détestaient le thé. Les dames en prenaient<br />

quelquefois comme sudorifique pendant leurs ma<strong>la</strong>dies, donnant <strong>la</strong> préférence<br />

néanmoins à une infusion <strong>de</strong> camomille. Lorsque <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> l’auteur, élevée<br />

dans les villes où elle fréquentait <strong>la</strong> société ang<strong>la</strong>ise, introduisit le thé dans <strong>la</strong><br />

famille <strong>de</strong> son beau-père après son mariage il y a soixante-huit ans, les vieil<strong>la</strong>rds<br />

se moquaient d’elle en disant qu’elle prenait cette drogue pour faire l’ang<strong>la</strong>ise et<br />

qu’elle ne <strong>de</strong>vait y trouver aucun goût. »<br />

Il y a longtemps, Joseph Quesnel, marchand, compositeur, violoniste, dramaturge,<br />

poète et comédien, écrivait dans L’anglomanie, première pièce <strong>de</strong> théatre<br />

québécoise, cette phrase encore en usage aujourd’hui : « Les buveurs <strong>de</strong> thé,<br />

ces faces <strong>de</strong> carême. » Le thé sera souvent dénigré en France malgré les accès<br />

d’anglomanie. À ce sujet, le père Labat ne peut s’empêcher <strong>de</strong> remarquer : « Nos<br />

Français, toujours très ar<strong>de</strong>nts imitateurs <strong>de</strong> ce qu’ils voient <strong>de</strong> mauvais chez nos<br />

voisins. » Le très prolifique romancier français Honoré <strong>de</strong> Balzac dénonce les effets<br />

pervers <strong>de</strong> ce breuvage : « Si l’expérience ang<strong>la</strong>ise est vraie, il donnerait <strong>la</strong> morale<br />

ang<strong>la</strong>ise, les mises au teint b<strong>la</strong>fard, les hypocrisies et médisances ang<strong>la</strong>ises ; ce qui<br />

est certain, c’est qu’il ne gâte pas moins <strong>la</strong> femme au moral qu’au physique. Là où<br />

les femmes boivent du thé, l’amour est vicié dans son principe ; elles sont pâles,<br />

ma<strong>la</strong>dives, parleuses, ennuyeuses, prêcheuses 133 . » Selon lui, le thé serait ennemi<br />

<strong>de</strong> l’amour, <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé.<br />

Le « miserere », du <strong>la</strong>tin miserere « aie pitié », est le début d’un psaume <strong>de</strong> pénitence.<br />

Ce mot, au xvi e siècle, était synonyme d’occlusion intestinale. « M. <strong>de</strong> Saint-<br />

418 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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