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Genese de la cuisine..

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l’hôpital en 1823 a porté à 200 lits sa capacité <strong>de</strong> logement. La pauvreté ne facilite<br />

pas le travail, comme lorsqu’on manque <strong>de</strong> pain en 1828-1829. Grâce à l’expérience<br />

acquise auprès <strong>de</strong> sa tante Josette, sœur Mallet n’est pas dépaysée et remplit si bien<br />

sa tâche qu’elle pourra ensuite transmettre ses secrets aux autres, comme le rapporte<br />

sœur Sainte-Marcelline (Louise Desjardins, 1845-1937) : Souvent elle venait<br />

me parler près du poêle : Que donnes-tu aujourd’hui aux dames pensionnaires,<br />

me <strong>de</strong>mandait-elle ? Tiens, Louise, ma petite fille, fais comme ce<strong>la</strong>… Et elle me<br />

montrait à mieux m’y prendre 11 . » Marius Barbeau avait remarqué, lui aussi, <strong>la</strong><br />

gran<strong>de</strong> souplesse <strong>de</strong> mère Mallet (1805-1871), fondatrice <strong>de</strong>s sœurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> charité<br />

<strong>de</strong> Québec : « Les multiples aptitu<strong>de</strong>s faisaient d’elle une maîtresse <strong>de</strong> maison<br />

accomplie ; elle trouvait toujours moyen <strong>de</strong> mêler l’agréable au nécessaire 12 . »<br />

Mère Caron témoigne d’un autre exemple qu’elle a connu : « Un bon religieux<br />

faisait dans une ancienne Communauté l’office <strong>de</strong> cuisinier. C’était un parfait<br />

modèle <strong>de</strong> toutes les vertus <strong>de</strong> son saint état. On le voyait toujours malgré les tracasseries<br />

ordinaires à son office se conserver dans un parfait recueillement ; et <strong>de</strong>s<br />

<strong>la</strong>rmes abondantes cou<strong>la</strong>ient sans cesse <strong>de</strong> ses yeux. Et comme on lui en <strong>de</strong>mandait<br />

<strong>la</strong> raison : “Le feu <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong>, que j’ai toujours sous les yeux” répondit-il, “me fait<br />

penser aux f<strong>la</strong>mmes <strong>de</strong> l’enfer que j’ai si souvent méritées.” »<br />

Ceux qui mangeaient <strong>de</strong> sa soupe <strong>de</strong>vaient aussi pleurer… en <strong>la</strong> goûtant ! Marc<br />

Lescarbot pastichant Rabe<strong>la</strong>is dit : « Voyant le <strong>de</strong>uil qui vous mine et consomme,<br />

Mieux est <strong>de</strong> ris que <strong>de</strong> <strong>la</strong>rmes écrire, Pour ce que rire est le propre <strong>de</strong> l’homme 13 . »<br />

La <strong>cuisine</strong> ne peut ni ne doit être triste ou punitive, si pauvre soit-elle. Érasme<br />

énonce : « À table, il ne convient ni d’avoir l’air triste, ni <strong>de</strong> rendre les autres tristes. »<br />

En <strong>cuisine</strong> non plus.<br />

Mère Caron a sans doute en mémoire ce passage <strong>de</strong>s Re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s Jésuites<br />

écrit en 1637 où l’on constate le grand dénuement <strong>de</strong>s religieuses : « Nous n’avions<br />

rien à donner à nos ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s si ce n’est quelque bouillon <strong>de</strong> pourpier sauvage cuit<br />

à l’eau, avec un filet <strong>de</strong> verjus du pays ; voilà nos premiers consommés. Nous avions<br />

bien une poule, mais elle ne nous donnait pas un œuf tous les jours, et puis,<br />

qu’est-ce qu’un œuf à tant <strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s. » Suit ce tableau fort attendrissant : « C’est<br />

un grand p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> nous voir dans l’attente <strong>de</strong> cet œuf. »<br />

Son livre a certainement aidé à sou<strong>la</strong>ger beaucoup <strong>de</strong> misère et <strong>de</strong> pauvreté.<br />

L’exemp<strong>la</strong>ire consulté est fort usé. Ce qui peut <strong>la</strong>isser croire que ceux qu’on a<br />

retrouvé en bon état <strong>de</strong> conservation dans les bibliothèques du Québec étaient<br />

peut-être justement ceux qu’on ignorait. André Hus remarque : « De vieux livres<br />

264 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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