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Genese de la cuisine..

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L’art <strong>de</strong> vivre québécois<br />

« Les activités <strong>de</strong> ceux qui tirent leur subsistance <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, celles <strong>de</strong>s artisans aussi,<br />

s’exercent <strong>de</strong> façon traditionnelle : les fils apprennent leur métier <strong>de</strong> leurs pères ; les mères<br />

initient leurs filles aux travaux domestiques. »<br />

Jean <strong>de</strong>s Gagniers, Le pays <strong>de</strong>s gourganes<br />

Le père <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Roquebrune associait les termes seigneur et habitant : « Celuilà,<br />

disait mon père, c’est un seigneur, c’est un habitant 61 . » Le baron <strong>de</strong> Lahontan<br />

note leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie : « Les paysans y vivent plus commodément qu’une infinité <strong>de</strong><br />

gentils-hommes en France. Quand je dis païsan, je me trompe, il faut dire habitans,<br />

car ce titre <strong>de</strong> païsan n’est non plus reçu ici qu’en Espagne, soit qu’ils ne paient ni<br />

sel, ni taille, qu’ils ont <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche, ou qu’enfin, leur vie<br />

aisée les mets en parallèle avec les nobles 62 . » En parallèle avec les nobles. L’habitant<br />

vit bien. Benjamin Sulte 63 développe : « Les terres commençaient à peine à produire<br />

<strong>de</strong>s re<strong>de</strong>vances, tandis que l’habitant avait le bon côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

seul pouvait amasser du bien. En ce sens, il était comme un seigneur 64 . » Gédéon<br />

<strong>de</strong> Catalogne lors <strong>de</strong> son enquête sur les seigneuries en 1712 rencontre <strong>de</strong>s colons<br />

« à l’aise, très à l’aise et même riches. C’est ici le meilleur pays du mon<strong>de</strong> pour le<br />

<strong>la</strong>boureur », écrit-il. « De cette condition, lui viennent peut-être sa qualité d’âme,<br />

sa psychologie. L’habitant canadien, qui<br />

est-il en définitive sinon un prolétaire, un<br />

engagé d’hier en voie d’exhaussement social<br />

et qui prend conscience <strong>de</strong> cette élévation.<br />

Sur son grand rectangle <strong>de</strong> sol dont il se sait<br />

le propriétaire et le maître, il sait aussi qu’il<br />

fait œuvre soli<strong>de</strong>, fécon<strong>de</strong>, <strong>la</strong> plus fécon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> son pays », analyse l’historien et intellectuel<br />

québécois Lionel Groulx (1878-1967) 65 .<br />

L’habitant est son propre maître. Le<br />

militaire Méritens <strong>de</strong> Pradals proteste : « Les<br />

paysans <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne sont riches ; ils ont<br />

tout le terrain qu’ils veulent et leurs terres<br />

leur ren<strong>de</strong>nt douze pour un au moins. Ils<br />

ne font que <strong>la</strong>bourer une fois, ils sèment là<br />

Wyatt Eaton, Le vieux Seigneur, 1889<br />

190 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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