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Genese de la cuisine..

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En Nouvelle-France, les inégalités entre les couches sociales n’existaient pas,<br />

sauf parmi <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse dirigeante <strong>de</strong> passage, le haut clergé et les institutions comme<br />

l’armée. « […] C’est qu’il n’existait pas <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses moyennes, pas <strong>de</strong> petite bourgeoisie<br />

dans <strong>la</strong> Nouvelle-France du xviii e siècle. Cette société possédait bien son aristocratie<br />

où entraient <strong>la</strong> noblesse, une partie <strong>de</strong>s seigneurs et quelques fonctionnaires<br />

supérieurs. Tout <strong>de</strong> suite après venait le peuple, peuple <strong>de</strong> censitaires, d’ouvriers,<br />

<strong>de</strong> petits commerçants, d’épiciers, <strong>de</strong> petits professionnels ; et, parmi ceux-ci les<br />

plus mal partagés n’étaient pas ces paysans <strong>la</strong>borieux et fiers, adroits et têtus,<br />

qui formaient incontestablement le groupe le plus soli<strong>de</strong> et le plus cohérent <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion canadienne. Deux influences se heurtaient au sein <strong>de</strong> cette société. Il<br />

y avait d’abord les habitu<strong>de</strong>s empruntées à <strong>la</strong> mère-patrie, où les c<strong>la</strong>sses étaient<br />

nettement délimitées, séparées par <strong>de</strong>s frontières hérissées <strong>de</strong> privilèges qui les<br />

rendaient infranchissables ; ces habitu<strong>de</strong>s sociales ne s’oubliaient pas facilement<br />

et apparaissent dans l’énergie farouche que l’on mettait à revendiquer les petits<br />

avantages que l’on croyait possé<strong>de</strong>r. Mais une influence contraire, celle d’un milieu<br />

niveleur, les combattait : si chacun déployait une telle vigueur à défendre ses prérogatives,<br />

c’est parce que celles-ci étaient sans cesse menacées et constamment mises<br />

en question par <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s nouvelles 204 », remarque Guy Frégault.<br />

Une situation semb<strong>la</strong>ble avait cours dans certains groupes sociaux <strong>de</strong> France :<br />

« La petite noblesse terrienne partage souvent <strong>la</strong> même vie que <strong>la</strong> petite paysannerie,<br />

dont elle est aimée : mais elle cache sa pauvreté par fierté et tient aux signes<br />

extérieurs <strong>de</strong> son ancienneté. Cette noblesse d’épée, pour <strong>la</strong> plupart ruinée par les<br />

guerres car elle verse l’impôt du sang, reste cependant jalousée par <strong>la</strong> noblesse <strong>de</strong><br />

robe, par <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> bourgeoisie et par les paysans enrichis 205 . »<br />

Firmin Létourneau commente : « À <strong>la</strong> fin du régime français, les Couil<strong>la</strong>rd, les<br />

Boucher, les Juchereau, les Le Moyne, les Deschamps, les Le Page, les De Lotbinière,<br />

les Des Méloizes, Les Péan, les De La Durantaie, les De Repentigny, les Tilly<br />

possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> fortune ou du moins <strong>de</strong> l’aisance 206 . » La vie <strong>de</strong> Pierre Boucher en<br />

est un bon exemple. Il connut une ascension fulgurante. De simple domestique,<br />

il s’éleva jusqu’au poste <strong>de</strong> gouverneur. Louis XIV l’annoblit, mais ce<strong>la</strong> ne lui<br />

procura pas <strong>de</strong> droits particuliers. Roquebrune confirme : « En débarquant dans <strong>la</strong><br />

colonie, les gentilhommes perdaient toutes prétentions nobiliaires car <strong>la</strong> noblesse<br />

n’y possédait aucun privilège. Le roi qui avait anobli certains Canadiens, n’avait<br />

pas pour ce<strong>la</strong> créé une noblesse canadienne. » La romancière Marie Le Franc<br />

décrit une fête au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong> l’Abitibi : « Une urbanité surprenante<br />

112 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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