25.06.2013 Views

Genese de la cuisine..

Genese de la cuisine..

Genese de la cuisine..

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Bacqueville <strong>de</strong> La Potherie écrit en 1722 : « On a <strong>la</strong> précaution dès <strong>la</strong> fin <strong>de</strong><br />

septembre <strong>de</strong> saler <strong>de</strong>s herbes pour le potage. On arrange les sa<strong>la</strong><strong>de</strong>s et les légumes<br />

dans <strong>de</strong>s caves, qui sont comme autant <strong>de</strong> petits jardins potagers. On se munit<br />

selon <strong>la</strong> portée <strong>de</strong> son ménage <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> boucherie, <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille et <strong>de</strong> gibier, qui,<br />

étant gelés, se conservent tout l’hiver 46 . » À son tour, le visiteur ang<strong>la</strong>is John Lambert<br />

note vers 1806 : « Juste avant l’hiver, les Canadiens entassent <strong>de</strong>s provisions<br />

<strong>de</strong> légumes et d’herbes qui leur dureront jusqu’au printemps. Dans <strong>la</strong> maison <strong>de</strong><br />

l’Habitant, à cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’année, on voit <strong>de</strong>s rangs d’oignons, <strong>de</strong> poireaux,<br />

<strong>de</strong> choux et <strong>de</strong> sacs <strong>de</strong> papier plein d’herbes séchées qui régalent l’odorat aussi<br />

bien que l’œil, mais qui ren<strong>de</strong>nt une nuit passée dans une <strong>de</strong> ces pièces <strong>la</strong> moins<br />

enviable qui soit. » Évi<strong>de</strong>mment, fidèle aux préjugés culinaires et culturels ang<strong>la</strong>is<br />

à l’égard <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong>, ce visiteur n’apprécie guère dormir parmi<br />

les p<strong>la</strong>ntes odorantes du jardin. Il ajoute : « Le Séminaire <strong>de</strong> Québec entretient<br />

d’ailleurs à cet effet au Cap Tourmente un petit potager rempli <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>ntes utiles en <strong>cuisine</strong>. »<br />

L’écrivain, homme politique et historien québécois Joseph-Edmond Roy,<br />

mentionne <strong>de</strong>s pots d’herbes salées dans les caves <strong>de</strong>s maisons. Presque tous les<br />

ménages du Québec ont <strong>de</strong>s herbes salées <strong>de</strong> Gaspésie dans leur gar<strong>de</strong>-manger.<br />

Cette antique tradition ne nous a jamais quittés. On retrouve les herbes salées<br />

dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s recettes québécoises. Si mes souvenirs d’enfance sont exacts,<br />

les Gaspésiennes disaient « qu’il fal<strong>la</strong>it d’abord discerner les herbes puissantes <strong>de</strong>s<br />

herbes douces ». Elles obéissaient à une vieille coutume qui recommandait, pour le<br />

mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong>s fines herbes, <strong>de</strong> « ne jamais mé<strong>la</strong>nger moins <strong>de</strong> trois sortes et pas plus<br />

<strong>de</strong> sept ». Sœur Berthe utilise sept sortes d’herbes : « Faites tremper les herbes dans<br />

<strong>de</strong> l’eau froi<strong>de</strong> avant d’aromatiser les soupes, les pommes <strong>de</strong> terre en purée, les<br />

farces et les rôtis <strong>de</strong> porc. » C’était le meilleur moyen <strong>de</strong> les conserver hors saison.<br />

On empotait également <strong>de</strong>s herbes salées cuites. Les ursulines écrivent : « Persil,<br />

ciboule, cerfeuil, oseille, porée. Toutes ces herbes sont excellentes pour faire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

soupe et <strong>de</strong>s ragoûts, <strong>de</strong>s farces ; les personnes ménagères doivent en couper l’été<br />

pour l’hiver. Quand elles sont accommodées comme il faut, elles ne per<strong>de</strong>nt rien<br />

<strong>de</strong> leur bonté, rien n’est si aise à faire pour le peu que l’on y apporte <strong>de</strong> l’attention.<br />

Prenez toutes ces herbes à proportion <strong>de</strong> leur force ; épluchez-les, <strong>la</strong>vez-les<br />

plusieurs fois et égouttez-les ; puis vous les hachez et les pressez. P<strong>la</strong>cez-les dans<br />

un chaudron avec du beurre et du sel autant qu’il est besoin. Faites cuire à petit<br />

feu jusqu’à ce qu’elles soient bien cuites et après qu’elles sont un peu refroidi,<br />

382 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!