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Genese de la cuisine..

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et <strong>de</strong> moutar<strong>de</strong>. C’était signe <strong>de</strong> pauvreté que d’en manquer. Lorsqu’on avait<br />

gagné un procès, il était d’usage <strong>de</strong> remercier le juge avec un sachet plus ou moins<br />

volumineux <strong>de</strong> poivre. Ce qui en fit les magistrats « les plus chers <strong>de</strong> France ».<br />

Charles VII interdira cette pratique. Une expression avait cours au xviii e siècle :<br />

« Quand un juge se taxe <strong>de</strong> grosses épices, on dit qu’il aime bien le pain d’épice 21 . »<br />

Une Guil<strong>de</strong> <strong>de</strong>s marchands <strong>de</strong> poivre fut formée dès 1150 en Angleterre. Elle s’est<br />

jointe à celle <strong>de</strong>s épiciers en 1345.<br />

En 1754, au Canada, dans les postes <strong>de</strong> l’Ouest, on troque quatre grains <strong>de</strong> poivre<br />

pour une seule peau <strong>de</strong> castor. Avec les innovations culinaires du xvii e siècle,<br />

les épices en général et le poivre en particulier ont <strong>la</strong>issé p<strong>la</strong>ce aux primeurs,<br />

verdures, fines herbes et autres assaisonnements plus délicats. On nommait<br />

« fournitures » les herbes <strong>de</strong>stinées aux sa<strong>la</strong><strong>de</strong>s. « Il est étrange comme l’on fait<br />

bien moins <strong>de</strong> cas d’une chose quand il y en a beaucoup que quand il y en a peu »,<br />

d’écrire Charles Bail<strong>la</strong>irgé dans Divers enseignements sur <strong>la</strong> vie. La nouvelle mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s herbes fraîches en fait l’épice du pauvre. En 1840, il vaut six sous le kilo.<br />

L’usage du poivre en <strong>cuisine</strong> est salutaire. Il est antiputri<strong>de</strong>, ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> conservation<br />

et embaume. Récemment, les Drs Richard Béliveau et Denis Gingras ont<br />

démontré ses propriétés anticancer lorsqu’il est combiné au curcuma, épice présente<br />

dans le cari 22 . Le poivre b<strong>la</strong>nc est du poivre noir débarrassé <strong>de</strong> son écorce.<br />

Le poivre gris, un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> poivre noir et poivre b<strong>la</strong>nc. Le poivre vert est du<br />

poivre noir immature. Il doit sa popu<strong>la</strong>rité à C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Terrail <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour d’argent<br />

à Paris : « « Je m’étais f<strong>la</strong>tté (je m’en f<strong>la</strong>tte toujours) d’avoir, il y a quinze ans (vers<br />

1960), au retour d’un voyage à St-Domingue, introduit, pour <strong>la</strong> première fois, dans<br />

<strong>la</strong> tradition culinaire française, le poivre vert. Judicieusement mé<strong>la</strong>ngé à une farce<br />

fine, pris en sauce avec son jus, <strong>de</strong> <strong>la</strong> crème fraîche et une bonne cuillerée <strong>de</strong> vieux<br />

cognac, il donne au caneton, au tournedos <strong>de</strong> Charo<strong>la</strong>is, voire au rouget <strong>de</strong> roche,<br />

d’exquises résonances, souvenirs <strong>de</strong> climats lointains et légendaires, promesses<br />

d’aventures nouvelles, un dépaysement sans déguisement 23 . » S’ensuivit une véritable<br />

folie au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle on mit à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> les fameuses « fraises au poivre »,<br />

conjuguées <strong>de</strong> toutes les manières imaginables. Quant au poivre rose, ce n’en est<br />

pas. Il s’agit d’une p<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong> l’herbe à poux.<br />

Aujourd’hui, <strong>la</strong> mignonette est du poivre entier concassé grossièrement avec<br />

le fond d’une lour<strong>de</strong> casserole. Autrefois, <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> était <strong>la</strong> même, sauf qu’on<br />

utilisait un mé<strong>la</strong>nge d’épices. Pehr Kalm écrit qu’au Canada : « On met toujours à<br />

table <strong>de</strong>s salières, et <strong>de</strong>s poivrières remplies <strong>de</strong> poivre moulu 24 . »<br />

368 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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