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Genese de la cuisine..

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échauffées », dit-elle. Rappelons que le grand chef Raymond Oliver affirme que<br />

si un p<strong>la</strong>t est meilleur réchauffé : « C’est qu’il n’était pas assez cuit <strong>la</strong> veille ! »<br />

On constate que M me San<strong>de</strong>rson ne sait pas cuire les légumineuses : elle ajoute<br />

le sel dès le début, ce qui durcit les fèves. On n’y trouve pas <strong>de</strong> baked beans 17 .<br />

Même <strong>de</strong> nos jours, on trouve rarement les Boston baked beans dans les<br />

restaurants <strong>de</strong> Boston : « Aujourd’hui les baked beans <strong>de</strong> Boston sont une rareté.<br />

Aucune industrie <strong>de</strong> Boston n’en fabrique et seulement quelques restaurants en<br />

servent 18 . » Ni ailleurs aux États-Unis d’ailleurs. On en consomme cent fois plus au<br />

Québec. Plusieurs petites industries y travaillent. Son nom, Boston baked beans,<br />

origine du fait qu’on les cuit dans cette jarre <strong>de</strong> grès ventrue et vernissée particulière<br />

avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>la</strong>sse : « La bonne réputation <strong>de</strong>s Boston baked beans est due à <strong>la</strong><br />

jarre <strong>de</strong> terre cuite typique, aux côtés renflés et au couvercle étroit dans <strong>la</strong>quelle<br />

on les cuit 19 », écrit Fannie Merrit Farmer, dans The Boston cook book (1918) 20 .<br />

On fabrique encore <strong>de</strong> ces jarres, mais maintenant, les Américains achètent leurs<br />

légumineuses en conserves sous l’appel<strong>la</strong>tion baked beans. Dans le New York Times<br />

du 5 février 1984 paraît un texte intitulé « Fare of the country ; In Search of Real<br />

Boston Baked Bean », par Lisa Hammel. Elle écrit : « Car c’est <strong>la</strong> mé<strong>la</strong>sse, insistent les<br />

spécialistes <strong>de</strong> <strong>la</strong> question, qui distingue les “Boston bean” <strong>de</strong>s autres p<strong>la</strong>ts semb<strong>la</strong>bles<br />

ainsi que sa combinaison d’ingrédients particuliers. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> parution <strong>de</strong> <strong>la</strong> recette<br />

à <strong>la</strong> fin du xix e siècle par <strong>la</strong> redoutable Fannie Farmer et sa presque contemporaine<br />

Mary Johnson Lincoln, personne n’aurait eu l’idée <strong>de</strong> débattre d’un élément sacrosaint.<br />

Le haricot <strong>de</strong>s Boston bean est un petit pois sec b<strong>la</strong>nc (connu aussi sous le nom<br />

navy bean) auquel on ajoute du porc salé, mé<strong>la</strong>sse, sucre brun, moutar<strong>de</strong>, poivre, sel<br />

et oignon que Miss Farmer et Madame Lincoln considèrent comme optionnel 21 . »<br />

Elle a tout à fait raison : <strong>la</strong> cuisson avec mé<strong>la</strong>sse dans <strong>la</strong> jarre <strong>de</strong> grès fait sa particu<strong>la</strong>rité.<br />

La combinaison d’ingrédients n’a rien <strong>de</strong> spécial pour nous. Pour elles,<br />

l’oignon est optionnel, ce qui n’est pas le cas chez nous : il va <strong>de</strong> pair avec <strong>la</strong> sariette :<br />

elles aseptisent au goût ang<strong>la</strong>is. En plus, elles sont cuites dans <strong>de</strong>s lèchefrites plutôt<br />

que dans <strong>la</strong> fameuse jarre. Madame Farmer ne sait pas les cuire non plus. Elle les<br />

b<strong>la</strong>nchit, ce qui élimine vitamines et minéraux, puis elle ajoute du sel, ce qu’il faut<br />

éviter, car le <strong>la</strong>rd est déjà salé. Et surprise ! Elle en prépare aussi une version sans<br />

mé<strong>la</strong>sse. Et comment a-t-elle baptisé cette « création » croyez-vous ? Ce sont les<br />

« fèves au four à <strong>la</strong> New York » dans <strong>la</strong> traduction française <strong>de</strong> ce livre 22 .<br />

Nous mangions <strong>de</strong>s fèves au <strong>la</strong>rd en Nouvelle-France bien avant le xix e siècle.<br />

Depuis toujours en fait. Elles sont présentes dans les ouvrages français du xiv e au<br />

354 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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