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Genese de la cuisine..

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<strong>de</strong> tous, excepté <strong>de</strong>s écoliers, qui s’en régalent et s’en barbouillent, et <strong>de</strong>s épiciers<br />

qui en mettent dans leurs confitures. » Le Canada, au contraire, s’en accommodait.<br />

Jacques Mathieu, spécialiste <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Nouvelle-France, écrit :<br />

« Production <strong>de</strong> base et fond <strong>de</strong> commerce, le sucre trouva un bon débouché au<br />

Canada. Les dérivés <strong>de</strong> ce produit, mé<strong>la</strong>sse guildive ou tafia, qui ne se vendaient<br />

pas en Europe, furent exportés <strong>de</strong> préférence au Canada, qui en constitua le<br />

principal marché 81 . » Monsieur Mathieu cite une lettre <strong>de</strong>s sieurs Champigny<br />

et d’Orgeville datée du 2 septembre 1731 : « Il est certain qu’on voit toujours avec<br />

p<strong>la</strong>isir arriver les Batimens canadiens, ils nous portent <strong>de</strong>s morues, <strong>de</strong>s saumons<br />

et autres poissons secs, <strong>de</strong> <strong>la</strong> farine <strong>de</strong> froment, <strong>de</strong>s pois qui nous sont d’un grand<br />

secours, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nches et bordages <strong>de</strong> chesne et <strong>de</strong> sap dont nous ne pouvons nous<br />

passer. Ils emportent principalement et par préférence à tous nos syrops et nos<br />

taffias qui n’ont presque point d’autres débouchements 82 . » Ce commerce, d’après<br />

Jacques Mathieu, aurait pris son importance en 1708.<br />

Dans le Littré, on écrit à mé<strong>la</strong>sse : « Espèce <strong>de</strong> sirop qui reste après <strong>la</strong> cristallisation<br />

du sucre <strong>de</strong> betterave, <strong>de</strong> canne, et qui refuse <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s cristaux. Mé<strong>la</strong>sse,<br />

sortant du sucre, chacun tonneau <strong>de</strong> mer, pesant 2 milliers, payera 10 livres, Tarif,<br />

18 sept. 1664. » L’Encyclopédie ajoute : « Mé<strong>la</strong>sse, s. f. (Mat. méd.) c’est cette matière<br />

graisseuse & huileuse, mais flui<strong>de</strong> qui reste du sucre après le raffinage, & à <strong>la</strong>quelle<br />

on n’a pu donner, en <strong>la</strong> faisant brûler, une consistance plus soli<strong>de</strong> que celle du<br />

sirop ; on l’appelle aussi pour ce<strong>la</strong> sirop <strong>de</strong> sucre. Les gens <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne <strong>de</strong>s<br />

environs <strong>de</strong>s villes où se fait le raffinage du sucre, usent beaucoup <strong>de</strong> cette sorte<br />

<strong>de</strong> sirop ; ils en mangent ; ils en mettent dans l’eau ; ils en font une espece <strong>de</strong> vin,<br />

& s’en servent au lieu <strong>de</strong> sucre ; quelques épiciers en fre<strong>la</strong>tent leur eau-<strong>de</strong>-vie. » La<br />

mé<strong>la</strong>sse apparaît pour <strong>la</strong> première fois dans les comptes <strong>de</strong>s hospitalières en 1711.<br />

À partir <strong>de</strong> 1720, sa présence est signalée chaque année. Les habitants fabriquent<br />

leur bière d’épinette avec <strong>la</strong> mé<strong>la</strong>sse 83 . Elle sert également à faire les levures alimentaires,<br />

usage généralisé aujourd’hui dans cette industrie. On en fera plusieurs<br />

<strong>de</strong>sserts et spécialités québécoises dont les célèbres biscuits à <strong>la</strong> mé<strong>la</strong>sse et le « rat<br />

musqué » : « Espèce <strong>de</strong> gâteau fait <strong>de</strong> pâte roulée et arrosée <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>sse. »<br />

Les registres <strong>de</strong>s hospitalières <strong>de</strong> Québec mentionnent régulièrement l’achat <strong>de</strong><br />

fruits pour confire, ainsi que l’achat <strong>de</strong> sucre pour faire <strong>de</strong>s confitures. L’écrivain<br />

François Rousseau note : « Le sucre est une <strong>de</strong>nrée que l’on rencontre pratiquement<br />

chaque année parmi les dépenses 84 . » Il est entré dans nos habitu<strong>de</strong>s. Le père<br />

Labat, explorateur, esc<strong>la</strong>vagiste et mémorialiste, témoigne : « Ne voyons-nous pas<br />

Les munitions <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisinière<br />

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