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Genese de la cuisine..

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Furetière nous éc<strong>la</strong>ire sur le sens original <strong>de</strong>s expressions « chercher midi<br />

lorsqu’il n’est que onze heures » changé en « chercher midi à quatorze heures » <strong>de</strong><br />

nos jours, et les « démons du midi », <strong>de</strong>s escornifleurs. Lorsque les maîtres étaient<br />

absents, on qualifiait ces profiteurs <strong>de</strong> « bonjouriers 3 ».<br />

L’heure <strong>de</strong>s repas <strong>de</strong>s gens ordinaires en Nouvelle-France est <strong>la</strong> même que celle<br />

<strong>de</strong> leurs cousins <strong>de</strong> France : entre onze heures et midi pour le dîner, cinq et sept<br />

heures pour le souper, selon sa condition. Dans les campagnes, les cloches <strong>de</strong>s<br />

églises font office d’horloge. L’agronome et professeur, passionné <strong>de</strong> littérature et<br />

d’histoire, Georges Bouchard, raconte : « Il me souvient du désarroi qui régnait<br />

dans ma paroisse un jour <strong>de</strong> dimanche où l’Angélus du soir avait été sonné trois<br />

quarts d’heure en retard. Les cuisinières confiantes dans <strong>la</strong> voix <strong>de</strong>s cloches, <strong>la</strong>issaient<br />

<strong>la</strong> soupe prendre au fond, pendant que les estomacs ruraux qui fonctionnent<br />

toujours avec une régu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> chronomètre criaient famine 4 . »<br />

Après <strong>la</strong> Révolution, les dép<strong>la</strong>cements répétitifs <strong>de</strong> l’heure <strong>de</strong>s repas à <strong>la</strong> fin<br />

du xviii e siècle influent directement sur son nom. Gustave F<strong>la</strong>ubert (1821-1880)<br />

sourcille : « Dîner : Autrefois on dînait à midi, maintenant on dîne à <strong>de</strong>s heures<br />

impossibles. Le dîner <strong>de</strong> nos pères était notre déjeuner, et notre déjeuner était leur<br />

dîner. Dîner si tard que ça ne s’appelle pas dîner, mais souper 5 . »<br />

Aujourd’hui pour les Québécois, le déjeuner est encore le repas du matin.<br />

Pour les Français, il se nomme petit-déjeuner. Notre dîner est leur déjeuner. Et<br />

leur dîner, notre souper.<br />

On attribue le déca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> repas entre nos <strong>de</strong>ux cultures aux travaux<br />

<strong>de</strong>s parlementaires <strong>de</strong> Paris qui, allongeant toujours les séances, firent un<br />

second déjeuner vers onze heures <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s froi<strong>de</strong>s, d’œufs, etc. Ce qui mena<br />

le dîner traditionnel <strong>de</strong> midi au repas du soir, autrefois le souper. Cette nouvelle<br />

mo<strong>de</strong> a par <strong>la</strong> suite supp<strong>la</strong>nté l’ancienne habitu<strong>de</strong>.<br />

Madame Hardy, propriétaire du restaurant où les députés se rassasiaient,<br />

aurait été l’instigatrice du « déjeuner à <strong>la</strong> fourchette » pendant <strong>la</strong> Révolution. On<br />

disait À <strong>la</strong> fourchette parce que les clients choisissaient eux-mêmes leur pièce <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> qui était ensuite cuisinée par le maître d’hôtel dans <strong>la</strong> salle même, sur un<br />

gril d’argent p<strong>la</strong>cé sous un âtre. Le Larousse gastronomique <strong>de</strong> 1938 écrit simplement<br />

: « Fourchette (déjeuner à <strong>la</strong>) : On appelle ainsi le déjeuner pris à midi. »<br />

À Montréal, en 1903, on pouvait Déjeuner à <strong>la</strong> fourchette au Café Bellevue, un<br />

restaurant équipé, comme il se doit, d’un gril d’argent. Ce chic établissement était<br />

situé au coin <strong>de</strong>s rues Sainte-Catherine et Metcalfe.<br />

230 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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