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Genese de la cuisine..

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<strong>de</strong> Paris) nous y avons fait ordinairement aussi bonne chère que nous sçaurions<br />

faire en cette rue aux Ours et à moins <strong>de</strong> frais. Car il n’y avait celui qui <strong>de</strong>ux jours<br />

<strong>de</strong>vant que son tour vinst ne fut soigneux d’aller à <strong>la</strong> chasse ou à <strong>la</strong> pécherie et<br />

n’apportast quelque chose <strong>de</strong> rare, outre ce qui estoit <strong>de</strong> nôtre ordinaire. »<br />

Ce qu’il nomme « nôtre ordinaire » est bel et bien ce qui est <strong>de</strong>venu notre ordinaire<br />

aujourd’hui. Le leur était composé essentiellement <strong>de</strong> venaisons, <strong>de</strong> gibiers<br />

et d’oiseaux comme c’était l’usage dans les gran<strong>de</strong>s <strong>de</strong>meures en France. On n’y<br />

consommait jamais <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s <strong>de</strong> boucherie lors <strong>de</strong>s banquets. Aujourd’hui, elles<br />

entrent dans <strong>la</strong> confection <strong>de</strong> notre ordinaire. Ce sont nos « vian<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s bois », auxquelles<br />

s’ajoutent les oiseaux, telle <strong>la</strong> perdrix dans le six-pâtes et les fèves au <strong>la</strong>rd.<br />

Lescarbot précise <strong>la</strong> composition du menu ainsi que le déroulement du rituel :<br />

« Si bien que jamais au déjeuner, nous n’avons manqué <strong>de</strong> saupiquets <strong>de</strong> chair ou<br />

<strong>de</strong> poissons, et au repas du midi et du soir encor moins : car s’estoit le grand festin,<br />

là où l’Architriclin, ou Maître-d’hotel (que les Sauvages appellent Atoctegic), ayant<br />

fait préparé toutes choses au cuisinier, Marchoit <strong>la</strong> serviette sur l’épaule, le baton<br />

d’office en main, et le collier <strong>de</strong> l’Ordre au col, qui va<strong>la</strong>it plus <strong>de</strong> quatre écus, et<br />

tous ceux d’icelui Ordre après lui, portans chacun son p<strong>la</strong>t. Et au soir, avant <strong>de</strong><br />

rendre graces à Dieu, il resinoit le collier <strong>de</strong> l’Ordre avec un verre <strong>de</strong> vin à son<br />

successeur en <strong>la</strong> charge, et buvoient l’un à l’autre. »<br />

Quelle fresque splendi<strong>de</strong> ! C’est <strong>la</strong> Grand-messe gastronomique ! Saupiquet<br />

signifiait en saumure et plus tard, épicé, aromatisé. Le linguiste et lexicographe<br />

français A<strong>la</strong>in Rey écrit : « piquer avec du sel ». Furetière complète : « Saupiquet :<br />

Mets assaisonné avec du sel et <strong>de</strong>s épices pour irriter (exciter) l’appétit. Il se dit<br />

<strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> sauces qui sont <strong>de</strong> haut goût. » Le saupiquet est à base <strong>de</strong> vin,<br />

vinaigre ou verjus, gingembre, cannelle, du gras <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce à rôtir et <strong>de</strong> pain grillé.<br />

Cette sauce était servie avec le lièvre. Aucune <strong>de</strong>s recettes consultée ne comporte<br />

<strong>de</strong> poivre. Pourtant, on disait anciennement : « Piler le poivre avant d’avoir le<br />

lièvre. » Beaucoup <strong>de</strong> dictionnaires disent cette sauce piquante. Elle est poutant<br />

bien acidulée. La raison en est peut-être qu’on utilisait le gingembre avec <strong>la</strong>rgesse.<br />

Il n’y a que ce <strong>de</strong>rnier qui pourrait être piquant s’il est frais. En France, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>rité<br />

du gingembre gagna en importance au retour <strong>de</strong>s Croisés. Le pharmacien<br />

agrégé, botaniste et écologiste français Jean-Marie Pelt écrit : « Elle finit même (<strong>la</strong><br />

racine <strong>de</strong> gingembre) par supp<strong>la</strong>nter le poivre, et <strong>de</strong>vint, un moment, l’épice <strong>la</strong><br />

plus utilisée. Sans doute faut-il expliquer ce brusque succès par un coût nettement<br />

inférieur à celui du poivre 68 . »<br />

56 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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