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Genese de la cuisine..

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ce qu’est une délicatesse en français. Délicatessen signifie friandise ou, mieux,<br />

gourmandise, certaines charcuteries étant plus ou moins lour<strong>de</strong>s.<br />

À cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> quantité d’épices utilisée pour <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> fumée, on peut<br />

rapprocher cette technique <strong>de</strong> celle utilisée pour réaliser le steak au poivre ou<br />

steak Albert. Albert était le réputé maître d’hôtel <strong>de</strong> chez Maxim’s. Henri Mercier<br />

raconte son invention : « Un certain jour, un client <strong>de</strong>manda un steak poêlé très<br />

relevé en poivre ; <strong>de</strong>ux fois il le retourna afin qu’il soit plus condimenté en poivre.<br />

Albert, patient mais furieux, <strong>de</strong>scendit en <strong>cuisine</strong> et <strong>de</strong>manda au chef que l’on<br />

mette sur son steak du poivre concassé, le client fut enfin satisfait. Le steak Albert<br />

appelé couramment steak au poivre, était né 30 . » Pour réaliser le steak Albert,<br />

on doit paner l’entrecôte dans 250 grammes <strong>de</strong> poivre réduit en mignonette, ce<br />

qui le rendrait inmangeable servi tel quel. Mais, tour <strong>de</strong> main professionnel, les<br />

gril<strong>la</strong>rdins grattent l’excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> poivre après son passage sur le gril avec le dos<br />

d’un couteau avant le service. Il reste piquant sans être volcanique. Or, l’excé<strong>de</strong>nt<br />

d’épices <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> fumée se perd elle aussi pendant le fumage et <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion.<br />

Les historiens trouvent les recettes du Viandier, du Ménagier et <strong>de</strong> The Forme<br />

of Cury très vagues, surtout en ce qui concerne le dosage <strong>de</strong>s épices. Le Viandier a<br />

été écrit sur ordre <strong>de</strong> Charles V le Sage pour faire connaître le faste <strong>de</strong> sa table et<br />

assurer <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> ces recettes aux officiers ultérieurs. On peut penser que<br />

les généreux dosages d’épices visaient à impressionner et à donner un avant-goût<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance du monarque, à cause <strong>de</strong> leur coût élevé.<br />

Fidèle aux métho<strong>de</strong>s du compagnonnage, <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r était transmise<br />

<strong>de</strong> maître à élève. Ces livres sont <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>-mémoire, un peu comme le Gringoire-Saulnier<br />

31 aujourd’hui. Ces anciennes recettes ne comportent pas <strong>de</strong> mesures<br />

quantitatives ni <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s détaillées. Les officiers <strong>de</strong> bouche chez Taillevent<br />

savaient quoi faire par expérience. Nos mères également : « Bien que nous n’ayons<br />

pas recueilli beaucoup <strong>de</strong> recettes <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, ceci ne veut pas dire qu’on ne<br />

mangeait pas beaucoup <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, au contraire ! L’explication en est simple : on<br />

ne faisait pas <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ts compliqués. Les vian<strong>de</strong>s étaient tout simplement rôties et<br />

bouillies selon leur âge et leur tendreté. On n’avait pas besoin <strong>de</strong> recettes pour<br />

ça. Les assaisonnements étaient très simples aussi : sel, poivre, clou, cannelle et<br />

quelques herbes, c’est tout. Quand on faisait <strong>de</strong>s sauces, c’était <strong>de</strong>s sauces brunes<br />

faites à partir <strong>de</strong>s jus <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> épaissies à <strong>la</strong> farine et aux miettes <strong>de</strong> pain. On<br />

se servait <strong>de</strong> tout. On ne gaspil<strong>la</strong>it rien. On faisait <strong>de</strong>s pâtes, <strong>de</strong>s ragoûts ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

soupe avec le reste 32 . » Ici, simplicité voisine perfection.<br />

Les munitions <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisinière<br />

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