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Genese de la cuisine..

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Petits pois<br />

En France, dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième moitié du xvii e siècle, les « petits pois » <strong>de</strong>viennent<br />

objet <strong>de</strong> snobisme. Chacun se vante d’en manger le premier avant <strong>la</strong> saison.<br />

Audiger était, comme François Vatel, maître d’hôtel. De plus, il était intendant.<br />

Sa Maison réglée publié en 1692, décrit les postes et fonctions <strong>de</strong> chacun dans une<br />

gran<strong>de</strong> maison bien ordonnée. Il a œuvré chez <strong>la</strong> comtesse <strong>de</strong> Soissons, puis chez<br />

Colbert qu’il suit dans ses dép<strong>la</strong>cements. Il note les nouvelles cultures, les étudie,<br />

les imp<strong>la</strong>nte. Audiger introduit à <strong>la</strong> cour les petits pois, innovation italienne<br />

rapportée <strong>de</strong> Gênes le 16 janvier 1660 dans une caisse remplie d’herbes pour<br />

conserver leur fraîcheur, et <strong>de</strong> roses que l’on cultivait autour <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> pois :<br />

« J’eus l’honneur <strong>de</strong> présenter <strong>la</strong> caisse <strong>de</strong> ces légumes inconnus au roi Louis XIV,<br />

grâce à Monsieur Bontems 144 , premier valet <strong>de</strong> chambre du roi, qui pour ce<strong>la</strong> me<br />

fit <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> me conduire lui-même au Louvre. Sa Majesté et tous les seigneurs<br />

qui étaient avec elle s’écrièrent que rien n’était plus beau ni plus nouveau, et que<br />

jamais en France l’on avait rien vu <strong>de</strong> pareil pour <strong>la</strong> saison. » Le comte <strong>de</strong> Soissons<br />

écosse lui-même les premiers petits pois. Certains auteurs préten<strong>de</strong>nt que ces<br />

petits pois seraient responsables du rejet <strong>de</strong> <strong>la</strong> pomme <strong>de</strong> terre en France ! Tout le<br />

mon<strong>de</strong> faisait comme le roi : le bon usage était aux légumes hors terre, les autres,<br />

les raves et les racines, étaient <strong>la</strong>issés aux paysans et aux pauvres.<br />

Audiger provoqua du coup un véritable engouement. Trente-six ans plus tard,<br />

cette vogue dure toujours. Madame <strong>de</strong> Maintenon, dans une lettre au cardinal <strong>de</strong><br />

Noailles datée du 16 mai 1696, écrit : « Le chapitre <strong>de</strong>s pois dure toujours : d’en<br />

avoir mangé, et <strong>la</strong> joie d’espérer en manger encore sont les trois points que nos<br />

princes traitent <strong>de</strong>puis quatre jours ! Il y a <strong>de</strong>s dames qui, après avoir soupé avec<br />

le roi, et bien soupé, trouvent <strong>de</strong>s pois chez elles pour manger avant <strong>de</strong> se coucher.<br />

C’est une mo<strong>de</strong>, une fureur ! Vous avez d’étranges brebis Monseigneur. » Les<br />

pois étaient cultivés dans le nord <strong>de</strong> l’Italie <strong>de</strong>puis le x e siècle. Ils sont présents en<br />

France dès 1370. Mais c’est au xvii e siècle qu’ils seront portés aux nues.<br />

On les nommait « petits » pour les distinguer <strong>de</strong>s anciens pois, et « verts », pour<br />

les différencier <strong>de</strong>s secs et étaient ceuillis avant maturité. Il est vrai que cette façon<br />

<strong>de</strong> les apprêter est particulièrement délicieuse. Cuisinés avec un cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong>itue,<br />

petits oignons, beurre frais, une goutte <strong>de</strong> consommé, un vrai délice ! Un secret<br />

<strong>de</strong> <strong>cuisine</strong> <strong>de</strong> l’époque révèle qu’on ajoutait également une pincée <strong>de</strong> sucre. Paul<br />

Bocuse confesse : « Ce mets, alors incomparablement subtil, est une volupté. » Et<br />

une <strong>de</strong>nrée <strong>de</strong> luxe : « On payait jusqu’à cent livres (<strong>de</strong>ux cents francs-or) trois<br />

88 genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cuisine</strong> québécoise

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